Laboratoire d'archéologie du Québec
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Lame de godendard. Vue générale 1/2Image
Photo : Mathieu Mercier Gingras 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Lame de godendard. Vue générale 2/2Image
Photo : Mathieu Mercier Gingras 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Lame de godendard. Vue de détail 1/2Image
Photo : Mathieu Mercier Gingras 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Lame de godendard. Vue de détail 2/2Image
Photo : Mathieu Mercier Gingras 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

ChFj-3

Contexte(s) archéologique(s)

Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La lame de godendard a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est représentative du coffre à outils des bûcherons qui travaillaient dans les camps forestiers du Québec au milieu du XXe siècle. Elle illustre également ce type de dents de scie qui constitue une avancée technologique du dernier quart du XIXe siècle, permettant aux bûcherons d'obtenir une coupe plus efficace.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La lame de godendard, dit scie de travers, est fabriquée au laminoir, probablement dans une usine canadienne au début du XXe siècle. L'industrie de la taillanderie connait un essor considérable au Canada au cours des années 1870. De nombreuses usines émergent au Québec et en Ontario pour la production d'outils tranchants, comme les haches, les scies, les pelles, les couteaux ou les limes. La lame de godendard possède une forme de dents de type « perforated lance tooth », brevetée en 1877 par le Canadien Jerome C. Dietrich. La lame comprend une série de dents simples en pointes servant à couper le bois qui alterne avec des dents doubles rabotantes « rakers » pour éliminer la sciure de bois pendant la coupe.

Le godendard est un outil dentelé servant à couper le bois. Il est formé d'une longue lame en acier de six à huit pieds, munie de deux poignées en bois pour être maniée par deux personnes. Dans le contexte des camps forestiers, les bûcherons se servent du godendard pour abattre les arbres, puis pour couper les troncs en plusieurs sections ou billots. C'est vers 1870 que les bûcherons remplacent leurs haches pour les scies de travers, réduisant considérablement le temps et l'effort requis pour l'abattage des arbres. Au début du XXe siècle, chaque travailleur doit fournir son propre équipement. Tous les soirs, les bûcherons veillent à affûter la lame de leurs scies pour s'assurer de leur efficacité. Étant donné la nature physique des tâches à accomplir (abattage des arbres, coupe et transport des billots, etc. ), la productivité et la réputation du travailleur dépendent de la qualité de ses outils. La lame est abandonnée sur place. Son séjour dans le sol cause probablement l'apparition de corrosion.

La lame de godendard a été mise au jour en 2015 sur le site d'un camp forestier situé sur une vaste terrasse de la rive sud du lac du Pouillot en Mauricie. Le site compte au moins trois bâtiments consistant en structures rectangulaires avec bourrelet et 18 fosses à déchets. Le chantier, qui pouvait accueillir une trentaine d'hommes, comprend une cabane en bois rond pour l'hébergement, une pour la cuisine et une pour l'écurie. Le site serait associé aux activités de la compagnie forestière Belgo-Canadian en activité dans le secteur pendant les années 1950. Notons qu'à cette époque, il est peu commun d'utiliser le godendard pour la coupe du bois, puisque celui-ci avait été remplacé par la sciotte à partir des années 1920.

RÉFÉRENCES

Archéotec inc. Projet à 735 kV de la Chamouchouane - Bout-de-l'Île, Interventions archéologiques 2015 en terres publiques. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Hydro-Québec, 2016. 176 p.
PROULX, Louise. Les chantiers forestiers de la Rimouski (1930-1940) : Techniques traditionnelles et culture matérielle. Cahiers du GRIDEQ, 16. Rimouski, Université du Québec à Rimouski, 1985. 117 p.
TREMBLAY, Robert. Histoire des outils manuels au Canada de 1820 à 1960 : héritage européen, techniques de fabrication et entreprises manufacturières. Collection Transformation, 10. Ottawa, Musée des sciences et de la technologie du Canada, 2001. 105 p.