Préhistoire de la place Royale à Québec : un lieu d’occupation millénaire
Marianne-Marilou Leclerc
Composée des plus belles découvertes associées à l’occupation préhistorique de la place Royale, cette famille d’objets présente un assemblage unique relatant un pan méconnu de l’histoire de la région de Québec. Le corpus sélectionné est lié à plusieurs sites archéologiques de la place Royale qui ont été fouillés entre 1975 et 1988, dont le site patrimonial de l’Habitation de Champlain. Cet assemblage diversifié est composé de matériaux lithiques, céramiques, organiques (os, andouiller, dent et coquillage) et cuivreux. La sélection s’étale sur une période débutant il y a environ 5 500 ans avant aujourd’hui, jusqu’à l’arrivée des premiers Européens. Les artéfacts les plus récents sont majoritairement liés au groupe culturel des Iroquoiens du Saint-Laurent. Les principales activités pratiquées sur le site sont aussi représentées par des objets utilitaires, tels que des outils en pierre taillée et polie ainsi que des vases en céramique. Enfin, quelques éléments exceptionnels, tels que de magnifiques outils bifaciaux et un gorgerin, des objets inusités, comme une pierre gravée, ou des éléments liés à un contexte singulier, tels que les sépultures, ont été intégrés à la sélection.
Le site archéologique de Place-Royale est situé sur la vieille pointe de Québec sur une basse terrasse d’une hauteur de 10 à 12 m s’avançant dans le fleuve Saint-Laurent. Cette terrasse se présente comme une surface d’accueil abritée au pied de falaises et à proximité de la rive du fleuve, ce qui rend le lieu très accessible et propice aux activités halieutiques. Durant la période préhistorique, elle semble avoir été occupée majoritairement par des petits groupes en transit. Elle servait également de halte pour la chasse et la pêche, en particulier de mammifères marins.
Sis au pied d’une carrière de chert, le site fut un important atelier pour le travail de la pierre, car l’on y retrouve une quantité considérable d’outils, d’ébauches et de sous-produits de taille de la pierre. Cette même falaise constitue également une source d’approvisionnement en pyrite de fer, une composante des briquets à percussion (chert et pyrite), utiles pour l’allumage d’un feu. Bien que plusieurs artéfacts soient façonnés à partir du chert local, plusieurs autres matériaux exotiques ont servi à la confection d’objets, notamment le jaspe, la rhyolite et le quartzite.
Cette pointe de terre fut très certainement un important lieu de rassemblements et d’échanges, puisqu’elle se trouve à la confluence de plusieurs voies de communication. De surcroit, plus d’une centaine de zones de combustion ont été mises au jour en association avec de multiples objets liés à des activités domestiques, telles que la préparation de nourriture, le tannage de peau et la fabrication d’outils et de parures. Il s’agit également d’une terre sacrée, puisque plusieurs inhumations y ont été pratiquées. En effet, seize sépultures furent mises au jour, enterrées à l’intérieur de deux fosses principales, révélant ainsi des rituels et des pratiques funéraires avec offrandes.
Bien que ce lieu ait livré une importante collection d’objets et de vestiges, il n’y a que 104 m2, soit moins de 1 % de la superficie totale du site, qui ont effectivement été excavés. Compte tenu de sa richesse et de son étalement dans le temps, la collection préhistorique de Place-Royale est sans conteste particulièrement représentative des multiples et complexes trajectoires historiques des Autochtones ayant fréquenté et occupé le territoire de l’actuelle ville de Québec.
La collection de Place-Royale à Québec est largement connue pour ses artéfacts liés à l’occupation durant la période historique. Elle possède en effet un nombre incroyable d’objets historiques ayant été utilisés depuis des décennies comme collection de référence pour les archéologues. Elle est toutefois peu connue pour sa composante préhistorique qui est pourtant d’une grande importance. La Collection archéologique de référence du Québec permet désormais de découvrir la richesse de ce lieu d’occupation millénaire.
© Pointe-à-Callière, photo Émilie Deschênes, 2020.
© Pointe-à-Callière, photo Émilie Deschênes, 2020.
© Pointe-à-Callière, photo Émilie Deschênes, 2020.
© Pointe-à-Callière, photo Émilie Deschênes, 2020.