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Visite chez l’apothicaire : pour le meilleur et pour le pire

Par Véronique Marengère

Quels sont ces petites fioles et ces petits flacons souvent retrouvés sur les sites archéologiques du Québec ? Des bouteilles à médicaments ? D’apothicaires ? Ces bouteilles portent fréquemment le nom d’un médicament ou d’un pharmacien. Parfois, il y a même le nom de la compagnie pharmaceutique et, si nous sommes chanceux, son adresse. Alignées, ces bouteilles offrent un éventail de couleurs; brun, vert, bleu, turquoise… Mais que contenaient-elles ? Des remèdes aux noms prometteurs, mais qui pouvaient s’avérer bien plus nocifs que salutaires…

Au XIXe et au début du XXe siècle, l’accès à un docteur « fiable » reste une denrée rare et la population se tourne souvent vers l’automédication pour soigner les maux qui les accablent. C’est dans ce contexte de quête de solutions que la population, souvent peu informée quant aux ingrédients médicinaux, se retrouve devant un étalage de produits miracles, propulsés sur le marché par des hommes d’affaires qui ont recours aux techniques de commercialisation les plus variées – et parfois malhonnêtes. Certains produits ont cependant été formulés par des pharmaciens éduqués qui croyaient fermement aux apports positifs de leurs médicaments, alors que certains de ceux-ci se sont finalement avérés dangereux ou fatals, notamment chez les jeunes enfants.

La thématique cabinet de l’apothicaire offre non seulement une étude approfondie des méthodes de fabrication des contenants pharmaceutiques, mais également un regard critique sur la société à cette époque durant laquelle la santé connait à la fois des avancées spectaculaires et des remises en question quant aux techniques et aux recettes employées. L’éducation de la classe populaire reste précaire et ce sont souvent eux qui sont les premières victimes des publicités mensongères et des promesses de charlatans. Heureusement, la mise en place de lois visant à encadrer l’étiquetage et les types de produits vendus ouvrent la voie vers une protection du consommateur. Il y a tout d’abord eu aux États-Unis la Pure Food and Drugs Act en 1906, qui a influencé la création au Canada en 1908 du Proprietary or Patent Medicine Act. Quoique ces règlementations ne soient pas parfaites, nous leur devons le retrait de la mention « cure » sur les étiquettes, terme qui sera remplacé par « remedy ». Également, les producteurs derrière les fausses publicités se retrouvent devant la justice, et doivent payer des amendes. Peu à peu, seuls les produits dont la composition et les effets sont appuyés par des recherches scientifiques gardent leur place sur les tablettes.

Cette thématique propose un échantillon diversifié de bouteilles, de flacons et d’autres produits associés à l’apothicaire des siècles précédents qui proviennent principalement du Canada, des États-Unis, de la France et de l’Angleterre. Il s’agit de bouteilles à sirop, encore vendues aujourd’hui, au vin d’hémoglobine en passant par la salsepareille et le lait de magnésie. Laissez ces artéfacts vous raconter l’histoire des remèdes qui ont marqué le quotidien d’une population en quête de solutions – pour le meilleur et pour le pire.

ARTÉFACTS DE CETTE FAMILLE
Montage de publicités
Montage de publicités présentes dans les journaux du Québec, fin XIXe-début XXe siècle.
Publicité pour l’Hémoglobine Deschiens
Publicité pour l’Hémoglobine Deschiens, 1928.
Pharmacie du Dr Picault
« Pharmacie du Dr Picault », entre 1850 et 1885.
Musée McCord, numéro d’accession M930.51.1.468.