Sur les traces de Champlain
Par Paul-Gaston L’Anglais
Si les recherches archéologiques sur la présence de Samuel de Champlain à Québec débutèrent par la recherche de son tombeau, au milieu du 19e siècle, c’est au cours des années 1970 que les fouilles se concentrent sur l’Habitation, lieu de résidence de ce dernier à partir de 1608. Au fil des décennies, les archéologues ont ajouté à leur quête le site de la Petite-Ferme du cap Tourmente, que Champlain choisit en 1626 pour établir une ferme afin de nourrir les occupants de l’Habitation, et celui du fort Saint-Louis, qui lui sert de quartier général fortifié à partir de 1620 et où il s’éteindra en 1635. Tant la ferme que l’Habitation seront incendiées par les frères Kirke, corsaires à l’emploi de la couronne anglaise qui s’installent à Québec entre 1629 et 1632.
Ces trois sites ont livré moult artéfacts diversifiés. La plupart ont été récoltés sous les couches qui témoignent des incendies volontairement allumés par les Kirke, en 1628 pour le site de la ferme et en 1632 pour celui de l’Habitation. Pour ce qui est du fort Saint-Louis, les artéfacts sélectionnés pour constituer la Collection archéologique de référence du Québec proviennent d’un sol qui a été daté antérieurement à 1629. Il s’agit notamment des pipes en terre cuite et d’un plat en majolique.
Les artéfacts retenus datent tous de l’époque de Champlain et témoignent, pour la plupart, d’activités pratiquées non pas par Champlain lui-même, mais par les hommes et les quelques femmes qui l’accompagnaient. À titre d’exemples, les terrines trouvées sur le site de la Petite-Ferme du cap Tourmente étaient à l’usage des individus résidant sur place. Les nombreuses pipes découvertes dans une des tours de l’Habitation, et qui n’ont jamais été fumées, étaient des marchandises destinées à la traite des fourrures avec les Amérindiens. Il en allait sans doute pareillement avec les perles en verre retrouvées sur le même site.
Les articles en grès de Normandie et d’Allemagne découverts aux abords du fort Saint-Louis rendent compte de la présence de Champlain dans ce lieu fortifié. Il y a résidé quelques années consécutives, entouré d’une suite de quelques personnes seulement.
Il existe toutefois quelques articles luxueux probablement acquis et utilisés par Champlain lui-même. Il suffit de mentionner ces bols en porcelaine de Chine de l’époque Ming, retrouvés près de l’Habitation, ou encore ce plat en majolique des Pays-Bas dont le décor imite celui des porcelaines de Chine de type kraak, découvert près du fort Saint-Louis. Il reste fascinant que Champlain, à l’instar des grandes fortunes d’Europe, se soit entouré d’un tel luxe dans une colonie naissante.
ARTÉFACTS DE CETTE FAMILLETiré de Les Voyages du Sieur de Champlain Xaintongeois, capitaine ordinaire pour le Roy, en la marine (Paris, 1613).
Photo : Julie Toupin 2019, ©Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal.