La tasse en métal a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est représentative du type de vaisselle utilisée dans les camps forestiers du milieu du XXe siècle au Québec.

La tasse en acier émaillé est fabriquée à la machine vers le milieu du XXe siècle, probablement au Canada. Une feuille d'acier est d'abord pressée, puis est découpée, façonnée et est finalement recouverte d'un émail blanc à base de poudre de verre. En 1876, un Américain obtient un brevet pour la fabrication d'objets de cuisine émaillés « enamelware » fabriqués à partir de feuilles de métal. Communément appelée « vaisselle de granit », ce type de vaisselle en métal émaillé est produite en Amérique du Nord à partir des années 1880. Plusieurs usines font également leur apparition au Canada à la fin du XIXe siècle, comme la Sheet Metal Products Co et la McClary Manufacturing Co qui incluent à leur catalogue des produits en métal émaillé. En 1927, ces deux entreprises fusionnent sous le nom de la General Steel Wares Limited, avec une usine établie à Montréal. Il est fort probable alors que la tasse ait été fabriquée dans cette usine, en activité jusqu'en 2002.

La tasse est un récipient servant à la consommation des boissons. D'après le contexte de sa découverte, elle aurait été utilisée par un bûcheron sur un chantier. Dans le milieu des camps forestiers, la vaisselle en métal, dit en « granit », est préférée en raison de ses nombreuses qualités, telles que sa durabilité, sa légèreté, son imperméabilité, la facilité de son nettoyage, ainsi que son faible coût. À l'heure des repas, les bûcherons se rassemblent dans le réfectoire autour de larges tables en bois pour manger. Servie dans ces assiettes en métal émaillé, la nourriture, abondante et riche, consiste alors habituellement en des fèves au lard, du pain, des crêpes, du macaroni, du rôti de porc et des patates. En fait, la réputation d'un camp passait souvent par la réputation du cuisinier et la qualité de la nourriture.

La tasse a été mise au jour en 2016 sur le site archéologique du camp forestier de la Vieille-Écluse, situé dans le parc national du Lac-Témiscouata dans le Bas-Saint-Laurent. Ce camp aurait été exploité par la compagnie forestière Fraser Limited de 1943 à 1950. Le chantier est alors composé d'un bâtiment principal combinant la cuisine et le dortoir des hommes, du bureau du contremaître agissant également comme magasin du camp, ainsi que d'une écurie. Ces bâtiments en bois rond sont organisés autour d'une aire centrale dégagée. De larges fosses ont également été retrouvées dans la forêt à proximité des camps, indiquant l'emplacement des anciennes « bécosses », ou latrines extérieures. C'est à l'intérieur et autour de ces fosses que la majorité des artéfacts ont été répertoriés sur le site, soit dans un contexte de rejet. La tasse a été retrouvée sur un dépotoir de surface.