Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Bouteille à liquide d'embaumement. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à liquide d'embaumement. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à liquide d'embaumement. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à liquide d'embaumement. Détail des inscriptionsImage
Photo : Mathieu Landry 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à liquide d'embaumement. DessousImage
Photo : Mathieu Landry 2024, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CkEe-47 > Couche stratigraphique 2016 > Numéro de catalogue 12

Contexte(s) archéologique(s)

Campement
Dépotoir

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bouteille à liquide d'embaumement a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle témoigne de la variété des types de bouteilles trouvées sur les sites de camps forestiers au Québec (médicaments, produits chimiques, produits alimentaires, etc. ). Cette bouteille constitue cependant une anomalie dans les assemblages de camps forestiers, et son usage demeure indéterminé.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bouteille à liquide d'embaumement en verre incolore est soufflée à la machine entre 1936 et 1950 à Toronto, au Canada. La date de fabrication est à la fois basée sur les inscriptions moulées dans le fond du cul « MADE IN CANADA/ESIGN REGS/1936 » et le contexte de la découverte de l'objet. Les marques de moulage circulaires visibles dans le fond de la bouteille sont caractéristiques du procédé de fabrication à la machine automatique de type « Owens », un procédé utilisé au Canada dès 1906.

Cette bouteille est un contenant servant à la conservation et à la distribution commerciale du liquide d'embaumement. Les inscriptions moulées dans le verre indiquent qu'elle contient à l'origine un produit de la compagnie Dodge, fondée en 1893 à Boston par un certain A. Johnson Dodge. C'est en 1934 que la compagnie ouvre une branche canadienne à Toronto. Elle se spécialise dans la production d'un composé chimique à base de formaldéhyde utilisé dans le processus d'embaumement. Un tel produit est essentiellement un agent de conservation et un désinfectant utilisé pour prévenir la décomposition du corps après la mort. D'après le contexte de sa découverte, cette bouteille aurait été utilisée par un bûcheron ou un travailleur du camp forestier. La présence d'une bouteille de liquide d'embaumement est anecdotique et n'est pas particulièrement caractéristique des assemblages des camps forestiers. Malgré cette découverte incongrue, l'explication la plus plausible serait qu'un tel produit ait été utilisé comme agent désinfectant, au même titre que les bouteilles d'eau de javel ou d'alcool à friction. Enfin, il ne faut pas écarter l'hypothèse que cette bouteille ait été réutilisée comme flasque à alcool frelaté. L'histoire orale documente cette pratique courante chez les bûcherons pour s'approvisionner en alcool et en consommer discrètement dans les chantiers.

La bouteille à liquide d'embaumement a été mise au jour en 2016 sur le site archéologique du camp forestier de la Vieille-Écluse, situé dans le parc national du Lac-Témiscouata dans le Bas-Saint-Laurent. Ce camp aurait été exploité par la compagnie forestière Fraser Limited de 1943 à 1950. Le chantier est alors composé d'un bâtiment principal combinant la cuisine et le dortoir des hommes, du bureau du contremaître agissant également comme magasin du camp, ainsi que d'une écurie. Ces bâtiments en bois rond sont organisés autour d'une aire centrale dégagée. De larges fosses ont également été retrouvées dans la forêt à proximité des camps, indiquant l'emplacement des anciennes « bécosses », ou latrines extérieures. C'est à l'intérieur et autour de ces fosses que la majorité des artéfacts ont été répertoriés sur le site, soit dans un contexte de rejet. La bouteille a été retrouvée dans un dépotoir de surface.

RÉFÉRENCES

BOLDUC, Laurence. Parc national du Lac-Témiscouata. Interventions archéologiques aux sites de la Terre-à-Fer (CkEe-3) et de la vieille écluse (CkEk-47), été 2016. Rapport de recherche archéologique [document inédit], CRSHC/SÉPAQ, 2017. 78 p.