Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pichet. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Pichet. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Pichet. Côté CImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Pichet. Côté DImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

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Pichet. DessusImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Pichet. DessousImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-950 > Opération 6 > Sous-opération A > Lot 21 > Numéro de catalogue 17

Contexte(s) archéologique(s)

Latrines

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le pichet a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est représentatif d'un type de céramique et de décor fréquemment retrouvés sur les sites archéologiques du Québec. Cet objet témoigne également de la présence d'articles de facture plus modeste au sein du ménage bourgeois des Anderson.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le pichet est fabriqué en terre cuite fine jaune entre 1840 et 1870, possiblement en Angleterre ou en Amérique du Nord. Communément appelée « Yellow Ware », cette terre cuite est d'abord produite en Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle, à Glasgow, ou dans le Yorkshire. L'utilisation de cette terre jaune se répand ensuite aux États-Unis et est produite de manière limitée à partir de 1797. Au Québec, la poterie de Cap-Rouge utilise la terre cuite fine jaune entre les années 1860 et 1892. Ce type de céramique est également produit par les poteries Bell de Québec, Charles Pearson à Iberville, celle des frères H. et Lucius E. Farrar ainsi que par Elijah Bowler à Saint-Jean.

Le pichet est orné d'un décor à l'engobe de type « Mocha », un motif voulant imiter de la « Moss Agate », aussi appelée « Mocha stone », dont les inclusions de minéraux sont de forme arborescente. Pour réaliser ce motif, le potier dépose un pinceau trempé dans une solution acide ou une concoction herbacée nommée « thé » composée entre autres de tabac, de café, de houblon, de térébenthine ou d'urine sur une bande d'engobe frais, créant un motif dendritique. L'ajout de substances métalliques à la solution permet aussi d'obtenir différentes couleurs, tel le dioxyde de manganèse qui donne une couleur noire. Alors que ce motif est produit sur des pièces de type « Creamware » depuis la fin du XVIIIe siècle, ce n'est qu'à partir des années 1840, surtout en Angleterre, mais également aux États-Unis, qu'il est produit sur la terre cuite fine jaune. Le motif « Mocha » est également documenté sur des pièces en terre cuite fine de type « Pearlware » ainsi que sur de la terre cuite fine blanche. Bien que des articles en terre cuite fine jaune soient produits au Québec au XIXe siècle, ceux décorés du motif Mocha retrouvés au Québec seraient principalement d'origine anglaise, quoiqu'une petite production soit également produite en Amérique du Nord à l'époque.

Le pichet est un récipient lié à l'alimentation utilisé pour transvaser et servir des liquides. D'après le contexte de sa découverte, il serait utilisé par Horatio Smith Anderson (1813-1867) et sa famille entre 1850 et 1870. Horatio est l'un des fils d'Anthony Anderson, premier propriétaire de la demeure Hedley Lodge, située dans le quartier de Limoilou, à Québec. Horatio prend possession de la demeure familiale après le décès de son père en 1847. Il y réside avec sa femme Eliza Hunt Garland et leurs neuf enfants. Après le décès d'Horatio en 1867, Eliza demeure à Hedley Lodge brièvement avant de s'installer avec ses enfants dans le quartier Saint-Louis. Le pichet serait alors rejeté dans les latrines peu avant leur départ vers 1870 avec un ensemble de plusieurs autres objets domestiques.

Le pichet est mis au jour en juin 2019 sur le site archéologique Anderson, situé dans la ville de Québec. Le site doit son nom au grand propriétaire terrien Anthony Anderson, qui y fait construire Hedley Lodge au début du XIXe siècle. Après le décès de son fils Horatio, le site est occupé par Charles Théodore Pitl (vers 1834-1897) et sa famille. Après son décès en 1897, la propriété connait plusieurs propriétaires et locataires au cours du XXe siècle, jusqu'à sa démolition vers 1970. Le site est alors converti en stationnement et devient le lieu du chantier-école en archéologie de l'Université Laval de 2017 à 2019.

Le pichet a été découvert dans une fosse de latrines construite en 1850 par Horatio Anderson. Il est retrouvé dans une couche associée au rejet spontané dans la fosse d'aisances d'un ensemble d'objets domestiques, probablement associé à leur départ de Hedley Lodge. En effet, la partie inférieure de la fosse semble témoigner d'un dépôt unique d'objets domestiques. La fosse des latrines est ensuite fermée à la fin du XIXe siècle, alors que la demeure continue d'être occupée jusqu'à sa démolition à la fin des années 1960.

RÉFÉRENCES

BLANCHARD, Marine, Olivier GRATTON et Camille THÉRIAULT. Le site Anderson (CeEt-950). Rapport d'intervention des sous-opérations 5A, 5B et 6A, 2019. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université Laval / Ville de Québec, 2021. s.p.
MÉTREAU, Laetitia, dir. Identifier la céramique au Québec. Cahiers d'archéologie du CÉLAT, 41. Québec, CÉLAT, 2016. s.p.
SUSSMAN, Lynne. Mocha, Banded, Cat's Eye and Other Factory-Made Slipware. Boston, CNEHA, 1997. 102 p.