Laboratoire d'archéologie du Québec
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Anse de jarre. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Anse de jarre. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Anse de jarre. Côté extérieurImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Anse de jarre. Côté intérieurImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Anse de jarre. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DbEr-1 > Opération 15 > Sous-opération G > Lot 6 > Couche stratigraphique g > Numéro de catalogue 345

Contexte(s) archéologique(s)

Atelier
Four

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'anse de jarre a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle représente un exemple de raté de production céramique. Le mauvais collage de l'anse à la jarre par le potier a provoqué son décollage lors de la cuisson. De plus, elle a été choisie parce que l'anse de jarre est représentative de la production du potier Charles Belleau (1813-1889), de La Baie au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'anse de jarre en terre cuite grossière glaçurée est modelée entre 1855 et 1889 à l'atelier céramique du maître-potier Charles Belleau (1813-1889), à La Baie au Saguenay–Lac-Saint-Jean. L'anse de jarre est un élément de préhension faisant partie d'un récipient servant à l'entreposage d'aliments. La jarre peut contenir des denrées sèches, des graisses ou des liquides.

L'argile employée pour la fabrication de l'objet est tout d'abord extraite du terrain du potier puis est soumise à l'étape de correction de ses propriétés afin de la rendre propre au tournage. L'argile est homogénéisée et mise en portions selon le poids désiré. Des morceaux d'argile sont ensuite modelés pour former une anse horizontale en forme de « c ». Lorsque celle-ci est formée, elle est mise à sécher jusqu'à ce qu'elle ait la consistance du cuir. Elle est alors décorée de rosettes par estampage, puis l'anse est collée à la jarre. Pour ce faire, le potier gratte l'emplacement de l'anse sur le récipient ainsi que sur le dos de l'anse. Il applique une couche de barbotine, de l'argile très liquide ou de l'eau aux endroits grattés, puis il appuie l'anse sur la jarre préalablement réalisée au tour de potier. Le contenant est mis à sécher. Il est possible que l'anse ait été créée plus tardivement dans le processus de fabrication que la jarre. L'anse peut être humectée tout au long du séchage afin qu'elle ait le même niveau de retrait que la jarre. Le potier trempe la jarre dans une glaçure au plomb liquide et essuie le fond pour y enlever la glaçure. Une fois sèche, la pièce est introduite dans le four du potier, possiblement à l'aide d'une plaque d'enfournement. La cuisson peut durer plusieurs heures, voire des jours, et le potier doit continuellement alimenter le four de bois durant cette période. Le four est ensuite refroidi graduellement, puis le potier peut procéder au défournement.

L'anse semble s'être décollée lors de la cuisson. Le décollage d'une garniture est un type d'erreur occasionnée par un mauvais collage, ou encore lorsque le séchage des deux éléments joints n'est pas effectué au même rythme. Une différence de consistance ou du taux d'humidité de la pâte entre les deux éléments entraine un retrait inégal de la pâte, créant des fissures et des tensions propices au décollage. Le décollage de l'anse rend la jarre impropre à la consommation de sorte qu'elle ne peut être vendue, et l'objet est donc rejeté.

L'anse de jarre a été mise au jour en 1977 sur le site de l'atelier de production céramique du maître-potier Charles Belleau. Belleau acquiert une terre à La Baie en 1855 pour y installer son atelier de poterie où il exerce jusqu'à sa mort en 1889. Il produit principalement des terrines, des jarres, des cruches et des bols en terre cuite grossière d'origine locale à glaçure d'aspect brunâtre et brunâtre tacheté de vert. Certaines pièces produites par le potier possèdent un décor géométrique simple, parfois réalisé à la molette. L'analyse de la collection suggère que Charles Belleau pratique la cuisson unique pour la majorité de ses productions, seuls quelques objets semblant être cuits deux fois comme les jarres et les couvercles. Selon des témoignages recueillis auprès de ses contemporains par l'ethnologue Marius Barbeau (1883-1969) au début du XXe siècle, Belleau malaxe son argile dans un hangar à l'aide d'un moulin mu par un cheval. Il se sert d'un tour de potier pour le façonnage des contenants qu'il fait sécher par la suite sur des tablettes avant de les enfourner. Pour écouler ses productions, Belleau transporte ses pièces à vendre de porte-à-porte dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean comme il est alors coutume en région éloignée.

L'anse a été retrouvée aux abords du four de potier du site de production céramique de Charles Belleau. La fouille de cette zone limitrophe au lieu d'enfournement a révélé une grande quantité de rejets de production, mais en moindre quantité que le dépotoir, situé dans le puits d'extraction.

Élément(s) associé(s)

Personnes associées : Belleau, Charles (1813 – 1889)

RÉFÉRENCES

BARBEAU, Marius. Maîtres artisans de chez-nous. Montréal, Les Éditions du Zodiaque, 1942. 220 p.
BLONDEL, Nicole. Céramique : vocabulaire technique. Paris, Éditions du patrimoine, 2014. 432 p.
Ethnoscop inc. Patrimoine archéologique des poteries, briqueteries, tuileries et fabriques de pipes au Québec. Étude produite dans le cadre de la participation du Québec au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux, volet archéologique. Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, 2009. 52 p.
LITH, Jean-Paul van. Céramique : dictionnaire encyclopédique. Paris, Éditions de l'Amateur, 2000. 452 p.
PROULX, André. L'atelier céramique Charles Belleau, La Baie (Chicoutimi), 1855-1889. Dossier, 47. Québec, Ministère des affaires culturelles, Direction générale du patrimoine, 1980. 246 p.