L'objet spatulé en os a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est représentatif de la diversité des objets identifiés comme « spatulés » dans les collections archéologiques. Il a aussi été choisi parce qu'il s'agit de l'un des rares exemplaires de ce type d'objet retrouvés sur le territoire de la Côte-Nord.

L'objet spatulé en os est probablement fabriqué au cours du Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui) en Haute-Côte-Nord et est associé aux Iroquoiens du Saint-Laurent. L'objet spatulé en os est généralement plat et allongé, présentant une extrémité active large et non perforante. Cette morphologie particulière confère à ces artéfacts un usage à la fois variable et spécifique, mais la fonction réelle demeure hypothétique. Parmi les hypothèses les plus souvent évoquées se trouvent le décorateur à poterie, le lissoir pour les vases en argile ou les peaux animales, un instrument culinaire, ou un outil pour étendre un enduit quelconque. La tracéologie – analyse des microtraces d'usure – et l'expérimentation permettraient assurément de déterminer avec plus de précision la fonction de cet objet.

Cet objet spatulé représente une catégorie d'objets fonctionnels identifiés à plusieurs reprises dans les assemblages iroquoiens datant du Sylvicole supérieur, mais jamais en grand nombre. Également, sans être exclusif aux Iroquoiens du Saint-Laurent, l'objet spatulé fait partie des assemblages archéologiques québécois dès la période Archaïque (9 000 à 3 000 ans avant aujourd'hui), notamment sur le site Morrison, dans l'Outaouais. Si les matières organiques bénéficient de conditions de conservation optimales dans le sol, il est plausible de croire que les groupes paléoindiens fabriquaient et utilisaient des objets similaires, à l'instar d'autres sites en Amérique du Nord.

L'objet spatulé est mis au jour en 1973 sur le site de l'Anse-aux-Pilotes IV, situé aux Grandes-Bergeronnes sur la Haute-Côte-Nord. Il s'agit d'un campement saisonnier associé à une occupation printanière et estivale et occupé par les Iroquoiens du Saint-Laurent. Le site se situe dans un environnement propice aux rencontres et aux échanges avec les groupes algonquiens de la région. Selon le contexte archéologique et la présence d'objets diagnostiques, les objets en os récupérés sur le site ont été associés aux productions culturelles iroquoiennes, d'autant plus qu'ils présentent des affinités avec d'autres assemblages iroquoiens du Saint-Laurent. Cependant, sans être réellement vérifiable, il est possible que certains objets en os soient reliés aux collectivités algonquiennes de la région.