Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pointe biseauté. Côté AImage
Photo : Laura Dumitriu 2022, © Musée McCord Stewart
Pointe biseauté. Côté BImage
Photo : Laura Dumitriu 2022, © Musée McCord Stewart

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BjFj-1 > Numéro de catalogue M-13305

Contexte(s) archéologique(s)

Village autochtone

Région administrative

Montréal

MRC

Montréal

Municipalité

Montréal

Fonction du site

religieuse
domestique

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pointe biseautée a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle constitue un rare élément diagnostique de la culture matérielle des Iroquoiens du Saint-Laurent qui soit fabriqué en os.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pointe en os biseautée est fabriquée au cours de la seconde moitié du Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui) aux environs de la ville de Montréal. Taillée dans un os long, la pointe présente deux principales caractéristiques morphologiques : la présence d'un biseau à son extrémité distale et d'une logette d'emmanchement à sa partie proximale. Le biseau, qui est assez court, est probablement façonné par raclage afin de le rendre pointu. Bien que la base de la pointe soit manquante, le rainurage permettrait de sectionner l'os à la longueur désirée. Naturellement, ce sectionnement perpendiculaire à l'axe de la diaphyse expose la cavité médullaire. Celle-ci fait office de logette d'emmanchement dans laquelle serait insérée la hampe de l'arme de jet.

La pointe biseautée en os sert à armer la partie distale d'un projectile, probablement une flèche utilisée pour la chasse ou pour la guerre. Les pointes de projectiles coniques en os sont communes à l'ensemble des populations iroquoiennes du Nord-Est américain. Cependant, une variante est plus fréquemment retrouvée sur les sites iroquoiens du Saint-Laurent. Elle se distingue par la combinaison d'une extrémité distale biseautée et, surtout, d'une base concave à logette qui est parfois munie de petits ailerons latéraux. Cette morphologie particulière est un trait caractéristique de la culture matérielle des Iroquoiens du Saint-Laurent.

La pointe biseautée est mise au jour quelque part entre 1859 et 1865 sur le site Dawson, situé sur l'île de Montréal. Cette occupation villageoise serait habitée par les Iroquoiens du Saint-Laurent pendant la période du Sylvicole supérieur. En plus de la pointe biseautée retrouvée sur ce site, de telles pointes ont été retrouvées en nombre appréciable sur les sites McDonald et Droulers, occupés par les Iroquoiens du Saint-Laurent dans la région actuelle de Saint-Anicet. À ce jour, la plus importante collection de pointes biseautées à base concave provient du site villageois Roebuck localisé en Ontario, où 33 spécimens ont été formellement identifiés. Bien que de telles pointes ne soient pas systématiquement présentes sur les sites occupés par les Iroquoiens du Saint-Laurent, leur fréquence est significativement plus faible dans les collections archéologiques associées aux autres groupes iroquoiens. Ainsi, la présence de ce type d'armature sur des sites hurons-wendats ancestraux par exemple, pourrait résulter d'échanges, d'intermariages, de la présence de réfugiés ou de captifs iroquoiens du Saint-Laurent, ou encore de coalescences interculturelles.

RÉFÉRENCES

GATES ST-PIERRE, Christian. « Les pointes en os biseautées des Iroquoiens ». Journal canadien d'archéologie. Vol. 39, no 1 (2015), p. 31-46.
PENDERGAST, J.F. et Bruce G. TRIGGER. Cartier's Hochelaga and the Dawson Site. Montréal et Londres, McGill-Queen's University Press, 1972. 388 p.