Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pernette. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pernette. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pernette. Côté CImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BhFh-15 > Opération 2 > Sous-opération B > Lot 7 > Numéro de catalogue 2

Contexte(s) archéologique(s)

Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pernette a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'un support d'enfournement utilisé par les potiers du Québec aux XIXe et XXe siècles. Elle a également été choisie parce qu'elle est représentative du type de matériel retrouvé dans des remblais situés en dehors d'un site de production céramique, qui sont composés majoritairement de rejets de production.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pernette en céramique réfractaire blanche est fabriquée en Amérique du Nord ou en Europe entre 1873 et le début du XXe siècle. La pernette est produite par filage en comprimant de la pâte à travers une filière ou profileuse dont l'extrémité comporte une matrice avec un trou triangulaire. Celui-ci donne la forme typique de prisme triangulaire de la pernette lors de la compression de la pâte. Par la suite, la pernette est coupée à la longueur désirée, puis est séchée et cuite.

La pernette est un matériel d'enfournement qui est inséré sur le pourtour de la paroi d'une cazette lors de la cuisson d'objets plats comme les assiettes. Elle sert à supporter et à séparer les pièces pour qu'elles ne fusionnent pas entre elles. Plusieurs pernettes sont employées pour chaque objet à cuire. La pièce est déposée sur l'arrête vive de la pernette afin qu'elle ne s'y colle pas, laissant des traces distinctes de fines lignes sans glaçure sur le dos des marlis. Après sa vie utile, la pernette sert, avec d'autres déchets de production, de matériel de remblai.

La pernette est mise au jour en 2017 sur le site archéologique du Pont Gouin, situé dans la municipalité de Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie. La vallée du Richelieu est longtemps demeurée une région importante de la production céramique au Québec, d'abord avec les potiers de la ville de Saint-Denis au XVIIIe siècle, puis à partir du milieu du XIX siècle avec Saint-Jean et Iberville, aujourd'hui Saint-Jean-sur-Richelieu. Au cours du XIXe siècle, de nombreuses fabriques s'installent sur les deux rives de la rivière. L'établissement de la première fabrique canadienne de poterie en grès en 1840 à Saint-Jean marque le début d'une longue tradition de production céramique dans la ville. L'inauguration en 1836 du premier chemin de fer, reliant Saint-Jean et Laprairie, ainsi que l'ouverture du canal de Chambly en 1843 favorisent Saint-Jean au détriment de Saint-Denis dans la production céramique. Les années 1860 et 1870 voient une diversification des types de céramiques produites avec la terre cuite fine à glaçure Rockingham, à pâte jaune et à pâte blanche. L'industrie est prospère jusqu'à la fin du XIXe siècle, où la haute concurrence avec le marché international affecte la région. Les quelques industries restantes doivent cesser leurs activités ou changer complètement leur type de production. Les entreprises se tournent alors vers la fabrication de nouveaux produits : les objets sanitaires en porcelaine. Ce changement permet à la région de demeurer un grand producteur céramique jusqu'au milieu du XXe siècle. La fermeture en 2001 de la Crane Limited, dernière usine céramique de Saint-Jean-sur-Richelieu, marque la fin de l'industrie. Des traces de cette ancienne industrie sont trouvées un peu partout dans la ville, soit par la découverte de vestiges d'anciennes fabriques ou par la mise au jour de nombreux remblais de rehaussement réalisés à l'aide de déchets de production.

La pernette a été retrouvée dans un remblai de rehaussement daté du dernier quart du XXe siècle composé en grande partie de rejets de production céramique comme du matériel d'enfournement ainsi que des objets majoritairement en terre cuite fine. Ce remblai serait situé au-dessus d'un entrepôt en bois à fonction alimentaire datant de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle.

RÉFÉRENCES

Artefactuel. Chantier du pont Gouin-154-09-0425 (Saint-Jean-sur-Richelieu) Intervention archéologique (2017). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Transports, Mobilité Durable et Éléctrification, 2018. s.p.
BELLEAU, Mimi L. Technologie des matériaux céramiques. (Québec), Claude Belleau Éditeur, 2017. s.p.
BRONGNIART, Alexandre. Traité des arts céramiques ou Des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie. 3e édition. Paris, Dessain et Tolra, 1977. s.p.
COLLARD, Elizabeth. Nineteenth-Century Pottery and Porcelain in Canada. Kingston / Montréal, McGill-Queen's University Press, 1984. 477 p.
FORTIN, Réal. Poterie et Vaisselle : Saint-Jean et Iberville. Saint-Jean-sur-Richelieu, Mille Roches, 1982. s.p.
LAMBART, Helen H. Deux siècles de céramique dans la vallée du Richelieu. Publications d'Histoire. Ottawa, Musées nationaux du Canada, 1975. 22 p.
LITH, Jean-Paul van. Céramique : dictionnaire encyclopédique. Paris, Éditions de l'Amateur, 2000. 452 p.