Laboratoire d'archéologie du Québec
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Assiette à dessert. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette à dessert. DessusImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Assiette à dessert. DessousImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BhFh-15 > Opération 2 > Sous-opération B > Lot 7 > Numéro de catalogue 1

Contexte(s) archéologique(s)

Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'assiette à dessert a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est un témoin du processus de fabrication de la céramique en terre cuite fine blanche vitrifiée. Il s'agit également d'un exemple de raté de cuisson résultant de la cuisson de l'émail. Elle est aussi représentative des nombreuses céramiques à motif de blé produites à Saint-Jean-sur-Richelieu au cours du dernier quart du XIXe siècle. Finalement, elle a été choisie parce qu'il s'agit d'un exemple d'objet typiquement utilisé comme matériau de remblai sur un site de production céramique.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'assiette à dessert est fabriquée à Saint-Jean, aujourd'hui Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie, durant le dernier quart du XIXe siècle. L'assiette à dessert est un récipient utilisé pour la consommation de desserts lors du dernier service du repas. Elle peut également servir de récipient pour la consommation d'aliments variés.

L'assiette est moulée par calibrage au moyen d'un moule en bosse et d'un calibre. Cette technique consiste à presser la pâte avec le calibre qui la répartit sur le moule. Le calibre crée l'extérieur du contenant alors que le moule façonne l'intérieur. L'arrière de la pièce est poli à l'éponge puis l'objet est laissé sur le moule pour qu'il sèche partiellement afin qu'il soit facile de le détacher. Suit l'étape du rachevage, ou finition de l'assiette qui est à l'état cuir, c'est-à-dire dont la pâte encore humide garde sa forme sous une légère pression. Un dernier séchage enlève toute humidité dans la pâte. L'objet est cuit une première fois pendant plusieurs jours, devenant à l'état de biscuit. Après le défournement, l'objet est inspecté, et les pièces jugées insatisfaisantes sont rejetées. La marque du fabricant est apposée, l'assiette est trempée dans l'émail, et une deuxième cuisson en cazette est réalisée. Après le second défournement, l'assiette est inspectée. Puisque cette assiette est couverte de tressaillures, un défaut de fabrication causé par la deuxième cuisson où la glaçure se fissure, l'objet est rejeté avec d'autres objets jugés insatisfaisants.

L'assiette est mise au jour en 2017 sur le site archéologique du Pont Gouin, situé dans la municipalité de Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie. La vallée du Richelieu est longtemps demeurée une région importante de la production céramique au Québec, d'abord avec les potiers de la ville de Saint-Denis au XVIIIe siècle, puis à partir du milieu du XIX siècle avec Saint-Jean et Iberville, aujourd'hui Saint-Jean-sur-Richelieu. Au cours du XIXe siècle, de nombreuses fabriques s'installent sur les deux rives de la rivière. L'établissement de la première fabrique canadienne de poterie en grès en 1840 à Saint-Jean marque le début d'une longue tradition de production céramique dans la ville. L'inauguration en 1836 du premier chemin de fer, reliant Saint-Jean et Laprairie, ainsi que l'ouverture du canal de Chambly en 1843 favorisent Saint-Jean au détriment de Saint-Denis dans la production céramique. Les années 1860 et 1870 voient une diversification des types de céramiques produites avec la terre cuite fine à glaçure Rockingham, à pâte jaune et à pâte blanche. L'industrie est prospère jusqu'à la fin du XIXe siècle, où la haute concurrence avec le marché international affecte la région. Les quelques industries restantes doivent cesser leurs activités ou changer complètement leur type de production. Les entreprises se tournent alors vers la fabrication de nouveaux produits : les objets sanitaires en porcelaine. Ce changement permet à la région de demeurer un grand producteur céramique jusqu'au milieu du XXe siècle. La fermeture en 2001 de la Crane Limited, dernière usine céramique de Saint-Jean-sur-Richelieu, marque la fin de l'industrie. Des traces de cette ancienne industrie sont trouvées un peu partout dans la ville, soit par la découverte de vestiges d'anciennes fabriques ou par la mise au jour de nombreux remblais de rehaussement réalisés à l'aide de déchets de production.

L'assiette a été retrouvée dans un remblai de rehaussement daté du dernier quart du XXe siècle composé en grande partie de rejets de production céramique, comme du matériel d'enfournement ainsi que des objets majoritairement en terre cuite fine. Ce remblai serait situé au-dessus d'un entrepôt en bois à fonction alimentaire datant de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle.

RÉFÉRENCES

Artefactuel. Chantier du pont Gouin-154-09-0425 (Saint-Jean-sur-Richelieu) Intervention archéologique (2017). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Transports, Mobilité Durable et Éléctrification, 2018. s.p.
COLLARD, Elizabeth. Nineteenth-Century Pottery and Porcelain in Canada. Kingston / Montréal, McGill-Queen's University Press, 1984. 477 p.
FORTIN, Réal. Poterie et Vaisselle : Saint-Jean et Iberville. Saint-Jean-sur-Richelieu, Mille Roches, 1982. s.p.
LAMBART, Helen H. Deux siècles de céramique dans la vallée du Richelieu. Publications d'Histoire. Ottawa, Musées nationaux du Canada, 1975. 22 p.