Laboratoire d'archéologie du Québec
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Tuile à essai. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Tuile à essai. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-23 > Opération 4 > Sous-opération B > Lot 4 > Numéro de catalogue B

Contexte(s) archéologique(s)

Dépotoir
Manufacture

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La tuile à essai a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle représente un outil de potier reflétant la production d'objets en terre cuite grossière au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Il s'agit également d'un bon exemple de tuile à essai réalisée pour la production de tuyaux d'égout par la Poterie Bell (1845-1932).

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La tuile à essai en terre cuite grossière est réalisée entre 1845 et la fin du XIXe siècle à la Poterie Bell de Québec, située dans l'ancienne localité de la Petite-Rivière. L'argile sourcée localement est modelée, puis coupée en plusieurs tuiles à essai qui sont percées d'un trou de suspension. La tuile est séchée et cuite, puis est trempée en partie dans la glaçure noire. Elle est cuite à nouveau.

Installée sur la rive sud de la rivière Saint-Charles en 1845, la Poterie Bell produit à l'origine des briques pour la reconstruction des milliers de bâtiments détruits par l'incendie de 1845 des quartiers Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste. Elle diversifie par la suite sa production en y fabriquant entre autres des tuyaux d'égout, des drains agricoles, des pots à plantes et des contenants à pâte rouge avec glaçure ainsi que des pipes blanches. La majorité de l'argile utilisée pour la fabrication des contenants et des tuyaux est prélevée localement. La manufacture utilise des machines à vapeur pour une partie de sa production, mais a encore recours au façonnage au tour de potier pour la production de certains récipients. Au cours de son existence, la poterie Bell participe à plusieurs expositions industrielles régionales et internationales. Elle gagne entre autres un prix lors de l'exposition provinciale de 1850 tenue à Montréal et en 1853 lors de la « Quebec Industrial Exhibition » tenue en lien avec la « World's Fair » de New York. Cette même année, David Bell dépose une demande de brevet pour une machine servant à la fabrication de tuyaux et signe un contrat avec la Ville de Québec pour la production de canalisations en vue de l'installation d'un système d'égout dans la ville.

La tuile à essai est un objet de travail servant à évaluer la tenue et le comportement de la glaçure sur un objet céramique en volume lors de la cuisson. Pour les potiers, la production de telles tuiles est nécessaire pour tester tout nouveau mélange d'argile et de glaçure, puisque leurs réactions peuvent grandement varier lors de la cuisson. Ces tuiles permettent au potier d'évaluer le produit final, mais également d'éviter certaines erreurs de cuisson. L'artisan consigne méticuleusement les recettes et les résultats comme référence. D'après l'épaisseur de la tuile à essai ainsi que la couleur de sa glaçure, cette tuile à essai semble être un test effectué pour les tuyaux d'égout produit par la Poterie Bell.

La tuile à essai a été mise au jour en 1991 sur le site archéologique de la Poterie Bell, dans la ville de Québec. En 1845, les frères d'origine écossaise William et David Bell fondent la « Bell Pottery », une manufacture située sur la terre familiale sur la rive sud de la rivière Saint-Charles. Au début du XXe siècle, la manufacture est reprise par la veuve de David, Catherine Langlois-Bell, et par son fils David Forrest-Bell. Les produits fabriqués sont alors moins nombreux et variés. La manufacture semble cependant toujours produire des tuyaux de drainage agricole et quelques contenants liés à l'alimentation. La fabrique demeure en activité jusqu'en 1932.

La tuile a été retrouvée à l'intérieur d'une épaisse couche associée à un dépotoir ou tessonnière de la manufacture comprenant une grande quantité de rejets de production céramique.

RÉFÉRENCES

CHAVARRIA, Joaquim. L'émaillage. L'École de poterie. Paris, Gründ, 2000. 64 p.
COLLARD, Elizabeth. Nineteenth-Century Pottery and Porcelain in Canada. Kingston / Montréal, McGill-Queen's University Press, 1984. 477 p.
Ethnoscop inc. Patrimoine archéologique des poteries, briqueteries, tuileries et fabriques de pipes au Québec. Étude produite dans le cadre de la participation du Québec au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux, volet archéologique. Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, 2009. 52 p.
LITH, Jean-Paul van. Céramique : dictionnaire encyclopédique. Paris, Éditions de l'Amateur, 2000. 452 p.