Côte-Nord

La Haute-Côte-Nord

Les Escoumins

L'objet biseauté en os a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est l'un des rares exemplaires de ce type d'objet retrouvés sur le territoire de la Côte-Nord. Il a aussi été choisi parce qu'il témoigne de la tenue de tâches domestiques sur un campement, qui pourraient vraisemblablement inclure le travail de la peau, de l'argile, du bois, ou encore des fibres végétales.

L'objet biseauté est façonné sur un os long de mammifère indéterminé au cours du Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui) dans la région de la Haute-Côte-Nord et est associé aux Iroquoiens du Saint-Laurent. L'objet présente un fût allongé et l'une des parties distales est aménagée en biseau unifacial relativement arrondi. L'os est probablement fendu longitudinalement à l'aide de rainurage, puis serait façonné par abrasion et raclage, particulièrement au niveau de sa partie active.

Cet outil biseauté présente une morphologie simple s'adaptant à de multiples tâches, comme le travail de la peau, ou encore le travail du bois végétal et animal. Il pourrait ainsi servir tour à tour de coin, de ciseau ou d'écorçoir. Comme la fonction précise de cet objet demeure à ce jour hypothétique, la tracéologie – analyse des microtraces d'usure – et l'expérimentation permettraient assurément de déterminer avec plus de précision la fonction de cet objet.

L'objet biseauté est mis au jour en 1993 sur le site Escoumins-I, dans la région de la Haute-Côte-Nord. Ce site représente un campement établi en partie sur un plateau sablonneux et qui était entre autres dédié à la pêche et à la transformation du phoque. Bien que sur le site puisse être observée une séquence d'occupation remontant au Sylvicole moyen (2 400 à 1 000 ans avant aujourd'hui), l'objet a probablement été fabriqué au cours du Sylvicole supérieur. Cette période est d'ailleurs particulièrement présente dans les découvertes associées à ce niveau de l'occupation fouillée. Il est à noter qu'au cours de cette période, les Iroquoiens du Saint-Laurent de la région de Québec ont développé une stratégie de transhumance (migration) saisonnière vers le secteur de l'embouchure du Saguenay, pour y exploiter les ressources de l'estuaire, dont le phoque. La présence de cet objet biseauté sur un campement saisonnier témoigne donc de la tenue de tâches domestiques pouvant vraisemblablement inclure le travail de la peau, de l'argile, du travail du bois, ou encore des fibres végétales.