Laboratoire d'archéologie du Québec
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Blaireau de rasage. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Blaireau de rasage. Vue en coupeImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Blaireau de rasage. Vue latéraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-80 > Opération 14 > Sous-opération H > Lot 3 > Numéro de catalogue 42

Contexte(s) archéologique(s)

Religieux

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le blaireau de rasage a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il a été retrouvé sur le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec. Il a également été choisi parce qu'il porte les lettres « E. R. », correspondant probablement aux initiales du propriétaire de cet objet unique.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le blaireau de rasage est façonné à partir d'un os d'animal, possiblement à partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Il porte un décor sculpté à motif de feuilles, et les lettres « E. R. » sont gravées au-dessus de l'extrémité la plus large.

Le blaireau est un objet utilisé pour les soins corporels masculins. Cette brosse pour la barbe sert à faire mousser et appliquer le savon sur le visage lors du rasage. Le blaireau est habituellement fabriqué avec des poils de l'animal du même nom, privilégiés pour sa propriété à retenir l'eau. Des soies de sanglier, du crin de cheval ou des poils synthétiques peuvent également être utilisés. La mousse créée par le blaireau permet de protéger la peau et assouplir les poils de la barbe lors du rasage. La date de l'introduction du blaireau est incertaine, mais les sources tendent vers une apparition durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Son utilisation demeure marginale à cette époque. Elle se généralise plutôt à partir du XIXe siècle avec la compagnie Plisson, créée en 1808, la plus ancienne fabrique de blaireaux de rasage au monde. Ce blaireau comporte probablement un manche vissable à l'origine, peut-être conçu dans un autre matériau tel que le bois. La compagnie Plisson obtient d'ailleurs un premier brevet en 1855 pour un blaireau de ce type, facilitant son entretien.

Le blaireau de rasage est mis au jour en 2014 sur le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec, à Québec. Marie-Madeleine de Vignerot du Pont-de-Courlay, marquise de Combalet, future duchesse d'Aiguillon et nièce du cardinal de Richelieu, acquiert une concession initiale de douze arpents dans la Haute-Ville de Québec pour y établir un hôpital géré par la communauté des Augustines de Dieppe. Trois jeunes femmes françaises débarquent à Québec le 1er août 1639 et fondent L'Hôtel-Dieu de Québec, qui devient alors le premier hôpital en Amérique situé au nord du Mexique. Les Augustines jettent ainsi les bases du système de santé actuel au Québec. Depuis lors, plusieurs bâtiments sont ajoutés, formant ainsi un important complexe hospitalier et monastique, et ce, malgré un important incendie qui frappe le complexe le 7 juin 1755. Le monastère est également réquisitionné par les soldats britanniques durant la Conquête. Ces derniers occupent les lieux de 1759 à 1784, y laissant plusieurs traces matérielles. En 1955-1956, le site voit la construction d'un hôpital moderne qui est ensuite intégré au Centre hospitalier de Québec en 1995.

L'objet a été récupéré dans une couche de sol organique des anciens jardins de la Communauté, présents probablement à partir du XVIIIe siècle. Les archives des Hospitalières sont plutôt avares de détails concernant le secteur des jardins. Y est cependant notée la construction, en 1703, d'une cabane pour le jardinier et le rangement des outils, laquelle sera complètement refaite en 1752. Les lettres gravées sur l'objet correspondraient alors probablement aux initiales du propriétaire de l'objet, peut-être l'un des jardiniers engagés par les Hospitalières.

RÉFÉRENCES

Artefactuel. CeEt-80, Monastère des Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec, rapport de l'intervention de 2012. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2014. 88 p.
Artefactuel. Le Monastère se dévoile: Interventions archéologiques 2013-2015 au site du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec (CeEt-80). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2016. 812 p.
Ethnoscop inc. Lieu de mémoire habité des Augustines (CeEt-80). Étude de potentiel et inventaire archéologiques. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2016. 104 p.
La Fiducie du patrimoine culturel des Augustines. Leur histoire [En Ligne]. http://www.augustines.ca/fr/augustines