Laboratoire d'archéologie du Québec
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Cuillère. Vue de faceImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Cuillère. Vue de dosImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-80 > Opération 9 > Sous-opération A > Lot 5 > Numéro de catalogue 3

Contexte(s) archéologique(s)

Drain

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La cuillère a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle a été retrouvée sur le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec et parce qu'elle témoigne des fonctions hospitalières des lieux.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La cuillère est taillée de façon semi-industrielle dans un os entre la deuxième moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. D'après le contexte de sa découverte ainsi que son manche terminé en spatule triangulaire, cette cuillère est un objet à usage médical servant à doser les médicaments ou à étendre les pommades.

Cette cuillère est utilisée par les religieuses de l'Hôtel-Dieu de Québec. Marie-Madeleine de Vignerot du Pont-de-Courlay, marquise de Combalet, future duchesse d'Aiguillon et nièce du cardinal de Richelieu, acquiert une concession initiale de 12 arpents dans la Haute-Ville de Québec pour y établir un hôpital géré par la communauté des Augustines de Dieppe. Trois jeunes femmes françaises débarquent à Québec le 1er août 1639 et fondent L'Hôtel-Dieu de Québec, qui devient alors le premier hôpital en Amérique situé au nord du Mexique. Les Augustines jettent ainsi les bases du système de santé actuel au Québec.

Les premiers hôpitaux du Québec sont calqués sur le modèle français, et sont confiés à des communautés religieuses dont les membres représentent l'essentiel du personnel soignant. Pendant plus de deux siècles, l'apothicairerie constitue l'essentiel des soins et la partie la plus scientifique relève de la préparation et l'administration des remèdes aux malades. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que les médecins sont plus présents dans les hôpitaux, limitant ainsi les actions des religieuses apothicaires. Toutefois, la pharmacie hospitalière demeure l'apanage des religieuses dans les hôpitaux catholiques jusqu'au début du XXe siècle. À l'Hôtel-Dieu de Québec, l'apothicairesse s'occupe de la distillation et de la confection des sirops. De plus, elle doit tenir l'inventaire des produits, s'assurer que ces derniers ne sont pas périmés et que chaque pot est identifié correctement pour éviter les erreurs. Dès leur arrivée à Québec, les Augustines développent leur expertise d'apothicaire et ainsi, leur autonomie face aux médicaments importés de France. Dans les jardins de l'Hôtel-Dieu, elles cultivent et utilisent des plantes médicinales.

La cuillère est mise au jour en 2012 sur le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec, à Québec. Depuis 1639, plusieurs bâtiments sont ajoutés à l'Hôtel-Dieu de Québec, formant ainsi un important complexe hospitalier et monastique et ce, malgré un important incendie qui frappe le complexe le 7 juin 1755. Le monastère est également réquisitionné par les soldats britanniques durant la Conquête. Ces derniers occupent les lieux de 1759 à 1784, y laissant plusieurs traces matérielles. En 1955-1956, le site voit la construction d'un hôpital moderne qui est ensuite intégré au Centre hospitalier de Québec en 1995. La cuillère a été retrouvée dans un drain d'évacuation des eaux usées et des déchets en provenance de l'hôpital au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. La nature médicinale des artéfacts retrouvés dans les dépôts organiques de ce drain, tels que des fragments d'éprouvettes, de béchers, de seringues, d'ampoules médicinales et de bouteilles de médicaments ne fait pas de doute quant à leur association avec l'occupation de l'hôpital.

Sur une photographie issue des archives du monastère des Augustines, il est possible de voir soeur Saint-Léandre (Graziella Frenette, 1880-1963) au travail à la pharmacie de l'Hôtel-Dieu de Québec vers 1942. En arrière-plan il y a un contenant de verre où sont rangées des spatules et des cuillères peu profondes qui semblent en os et qui présentent la même forme que cette cuillère.

RÉFÉRENCES

Artefactuel. CeEt-80, Monastère des Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec, rapport de l'intervention de 2012. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2014. 88 p.
Artefactuel. Le Monastère se dévoile: Interventions archéologiques 2013-2015 au site du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec (CeEt-80). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2016. 812 p.
Ethnoscop inc. Lieu de mémoire habité des Augustines (CeEt-80). Étude de potentiel et inventaire archéologiques. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Fiducie du patrimoine culturel des Augustines, 2016. 104 p.