Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Base de bouteille à boisson alcoolisée. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Base de bouteille à boisson alcoolisée. Dessous, photo 1Image
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Base de bouteille à boisson alcoolisée. Dessous, photo 2Image
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Base de bouteille à boisson alcoolisée. Dessous, photo 3Image
Photo : Mathieu Landry 2022, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-603 > Opération 8 > Sous-opération F > Lot 1 > Numéro de catalogue 15

Contexte(s) archéologique(s)

Brasserie

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La base de bouteille à boisson alcoolisée a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle témoigne des pratiques de récupération et de réutilisation des bouteilles en verre par la brasserie Saint-Charles au XIXe siècle. Cet artéfact, mis en relation avec les autres bouteilles importées d'Angleterre, du Portugal ou d'ailleurs retrouvées dans la même couche archéologique, permet de mieux comprendre les modes d'embouteillage et les liens commerciaux de la brasserie.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La base de bouteille à boisson alcoolisée fait partie d'un contenant de forme cylindrique fabriqué à Bristol, en Angleterre, entre 1821 et 1870. Cette datation est basée sur le moule utilisé pour la fabrication de la bouteille et le contexte de la découverte de l'artéfact. En effet, le moule est de type Ricketts, utilisé entre 1820 et 1920.

Un brevet, accordé à Henry Ricketts en 1821 à Bristol en Angleterre, est ensuite adapté aux États-Unis dans les années 1830. Les marques laissées par ce type de moule sont caractéristiques : elles consistent en une marque horizontale située au point de rencontre du corps et de l'épaule et de chaque côté de celle-ciet en une marque verticale qui remonte vers le col.

Après son importation au Québec, ce récipient servant au transport et à l'entreposage de boissons alcoolisées est probablement recyclé et sert à embouteiller de la bière. Le principe du recyclage des bouteilles en verre est établi en Amérique du Nord dès le XVIIIe siècle en raison de leur coût de fabrication élevé. Il est alors d'usage d'importer des vins et spiritueux d'Europe et d'ensuite réutiliser les contenants pour embouteiller des produits locaux, comme la bière. Avec la mécanisation des procédés de fabrication des contenants de verre, une grande variété de contenants sont développés pour chaque secteur commercial. La marque du produit et le nom du fabricant peuvent alors apparaitre sur une étiquette ou sont moulés en relief. Ce principe procure une propriété légale à l'entreprise, mais l'oblige également à mettre en place un système de recyclage coûteux et plus ou moins efficace. Vers la fin du XIXe siècle, aux États-Unis, c'est environ 35 % des bouteilles vides qui sont retournées. Les embouteilleurs doivent combler le manque par l'utilisation d'autres bouteilles portant parfois la marque d'une compagnie concurrente. Aux États-Unis, en 1935, une loi est votée interdisant la revente de bouteilles.

La base de bouteille à boisson alcoolisée est mise au jour en 2003, au centre du site de l'îlot Légaré, situé près de la rue Saint-Paul à Québec. En 1770, cet îlot situé en bordure de la rivière Saint-Charles est occupé par la « St. Roch Distillery », une entreprise fondée par deux hommes d'affaires, Jacob Jordan et Colin Drummond. Changeant de mains ensuite, elle est rachetée et devient la Thomas Grant & Company. Cette compagnie fait construire une distillerie à Beauport et transforme celle de Saint-Roch en brasserie. C'est en 1791 que nait la « St. Roch Brewery », l'une des plus anciennes industries brassicoles de la région. Après quelques expansions, deux incendies et en raison de problèmes financiers, la brasserie change régulièrement de propriétaires. Nommée plus tard la « St. Charles Brewery », l'entreprise brassicole est finalement ravagée par le grand incendie du quartier Saint-Roch en 1845. La brasserie continue la production de sa propre bière, mais vend ensuite des produits Molson. Après 1875, les terrains de l'ancienne brasserie Saint-Charles sont occupés par de nouveaux bâtiments à vocations diverses.

La base a été retrouvée dans le secteur de l'ancienne citerne de la brasserie Saint-Roch, aménagé en dépotoir après l'incendie de 1845. Ce dépotoir contient de nombreuses bouteilles de différents formats, pour la bière, le vin, le porto et le gin. Cette découverte permet d'avancer l'hypothèse que la bière vendue ou produite à la brasserie avant l'incendie était embouteillée dans des bouteilles recyclées, associées à l'origine à des produits provenant d'Angleterre, du Portugal et d'ailleurs.

RÉFÉRENCES

BUSCH, Jane. « Second Time Around: A Look at Bottle Reuse ». Historical Archaeology. Vol. 21, no 1 (1987), p. 67-80.
FISET, Richard. Brasseries et distilleries à Québec (1620-1900) : Profil d'archéologie industrielle. Université Laval, 2001. 538 p.
GOYETTE, Manon. Rapport d'interventions archéologiques. Interventions archéologiques sur le site des brasseries Saint-Roch et Saint-Charles à Québec, printemps-automne 2003 (CeEt-603 et CeEt-612). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de Québec, 2004. 24 p.