Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pompe en bois lors de sa prise en charge par le Centre de Conservation du QuébecImage
Photo : Jean Blanchet 2003, © Centre de conservation du Québec

Collections archéologiques de la Ville de Québec
Extrémité de la pompe en bois lors de sa prise en charge par le Centre de Conservation du QuébecImage
Photo : Jean Blanchet 2003, © Centre de conservation du Québec

Collections archéologiques de la Ville de Québec

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-603 > Opération 8 > Sous-opération F > Lot 97 > Numéro de catalogue 1

Contexte(s) archéologique(s)

Brasserie

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La pompe a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'une pièce unique découverte sur un site à caractère brassicole. Son analyse permet d'enrichir les connaissances sur les équipements présents dans les brasseries et distilleries. Finalement, la découverte de la pompe et de ses pièces composantes permet d'avancer l'hypothèse que la citerne servait à alimenter une partie de la brasserie Saint-Roch en eau, conformément aux données historiques déjà connues.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La pompe en bois est probablement fabriquée à Québec entre 1791 et 1816 en raison du contexte de sa découverte. La pompe est taillée à même un tronc d'arbre évidé en son centre. L'extrémité supérieure de la pompe présente huit facettes taillées à la hache et quatre trous, qui doivent à l'origine être connectés à des tuyaux ou à des robinets d'écoulement. Le sommet est fermé par un bouchon en bois, et la base est cerclée de fer forgé.

La pompe, munie d'un clapet actionné au moyen d'un levier, est un élément mécanique utilisé pour faire monter l'eau hors d'une citerne. Celle-ci est installée dans une citerne creusée dans le roc dans le sous-sol de la brasserie Saint-Roch, à Québec. La pompe, dont les parois sont tapissées de palplanches pour l'étanchéifier, est reliée à un caniveau lui acheminant de l'eau depuis la rivière Saint-Charles à marée haute. Installée entre 1791 et 1816, soit entre l'ouverture de la brasserie et l'ouverture de la rue Saint-Paul, la pompe est utilisée de 1815 à 1845, année où survient l'incendie du quartier Saint-Roch, qui détruit la brasserie. La pompe est fracturée, probablement lors de son séjour dans le sol.

La pompe est mise au jour en 2003, au centre du site archéologique de l'îlot Légaré, situé près de la rue Saint-Paul à Québec. En 1770, cet îlot situé en bordure de la rivière Saint-Charles est occupé par la « St. Roch Distillery », une entreprise fondée par deux hommes d'affaires, Jacob Jordan et Colin Drummond. Changeant de mains ensuite, elle est rachetée et devient la Thomas Grant & Company. Cette compagnie fait construire une distillerie à Beauport et transforme celle de Saint-Roch en brasserie. C'est en 1791 que nait la « St. Roch Brewery », l'une des plus anciennes industries brassicoles de la région. Après quelques expansions, deux incendies et en raison de problèmes financiers, la brasserie change régulièrement de propriétaires. Nommée plus tard la « St. Charles Brewery », l'entreprise brassicole est finalement ravagée par le grand incendie du quartier Saint-Roch en 1845. La St. Charles Brewery continue la production de sa propre bière, mais vend ensuite des produits Molson. Après 1875, les terrains de l'ancienne brasserie Saint-Charles sont occupés par de nouveaux bâtiments à vocations diverses.

La découverte de la pompe en association avec un clapet de pompe et un bouchon de pompe appuie l'hypothèse selon laquelle la citerne a alimenté une partie de la brasserie. Selon les données historiques, les pompes sont couramment utilisées pour acheminer l'eau dans les établissements. Encore en 1850, une pompe semble être utilisée dans la brasserie Racey, voisine de la brasserie Saint-Roch. Étant donné l'emplacement de la citerne et de la pompe, l'eau de la rivière Saint-Charles a vraisemblablement servi à des besoins autres que le trempage de l'orge ou du houblon nécessaires à la fabrication du malt, puisque la malterie se trouve du côté sud de la rue Saint-Charles, près d'un ruisseau pouvant assurer son alimentation en eau.

RÉFÉRENCES

FISET, Richard. Brasseries et distilleries à Québec (1620-1900) : Profil d'archéologie industrielle. Université Laval, 2001. 538 p.
GOYETTE, Manon. Rapport d'interventions archéologiques. Interventions archéologiques sur le site des brasseries Saint-Roch et Saint-Charles à Québec, printemps-automne 2003 (CeEt-603 et CeEt-612). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de Québec, 2004. 24 p.