Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bouteille à cirage. Vue généraleImage
Photo : Mathieu Landry 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à cirage. Côté AImage
Photo : Mathieu Landry 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à cirage. Côté BImage
Photo : Mathieu Landry 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à cirage. Côté CImage
Photo : Mathieu Landry 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à cirage. Tessons du rebordImage
Photo : Mathieu Landry 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à cirage. DessousImage
Photo : Mathieu Landry 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille à cirage. Détail de l'inscriptionImage
Photo : Mathieu Landry 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiFj-118 > Opération 22 > Sous-opération C > Lot 8 > Numéro de catalogue 103

Contexte(s) archéologique(s)

Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bouteille à cirage a été sélectionnée pour la collection de référence du Québec, car elle témoigne des pratiques d'entretien du cuir, et parce qu'elle est représentative des bouteilles à cirage du premier tiers du XIXe siècle. De plus, cette bouteille est le témoin de la pratique de la perception d'un droit d'accise sur les bouteilles en grès par le gouvernement anglais durant le premier tiers du XIXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bouteille à cirage en grès grossier est fabriquée dans le Derbyshire en Angleterre par la fabrique de Joseph Bourne de Denby entre 1817 et 1834. Elle est tournée au tour de potier, tournassée, estampillée et cuite. La bouteille est ensuite envoyée au fabricant du produit cirant qui la remplit puis la scelle au moyen d'un bouchon en liège.

La bouteille à cirage est un contenant utilisé pour la vente et l'entreposage d'un produit liquide servant à l'entretien du cuir. Ce produit cirant et noircissant lui permet de garder sa souplesse et une certaine imperméabilité. Le cuir doit être préalablement nettoyé. Ce produit est alors très important pour préserver les chaussures et les bottes, mais peut également être utilisé sur une multitude d'objets en cuir.

La marque estampillée sur la bouteille, « BLACKING BOTTLE », sert à l'exempter de la taxe d'accise. Le gouvernement anglais perçoit ces taxes appliquées sur les produits provenant d'Angleterre dès le XVIIIe siècle, d'abord sur le verre, le savon et les papiers peints. C'est en 1812 que les bouteilles de grès produites en Grande-Bretagne et en Irlande sont soumises à une taxe. Cependant, une nouvelle loi est votée par le Parlement britannique en 1817 afin de dispenser les bouteilles à cirage de cette taxe. Pour ce faire, celles-ci doivent être estampillées de la mention « BLACKING BOTTLE », permettant de les différencier des autres bouteilles en grès, qui doivent être estampillées de la mention « EX ». Cette taxe d'accise perdure jusqu'en 1834, année où la taxe est abrogée.

La bouteille à cirage est mise au jour en 2016 sur le site du village de Saint-Henri-des-Tanneries, à Montréal. En 1686, les associés Jean Mouchère, André David et Jean DeDieu reçoivent une concession de six arpents de terre pour y établir une tannerie près de l'ancien ruisseau Glen, situé à l'ouest de Ville-Marie. Ensemble, les trois associés établissent la première tannerie de Montréal. Dès lors s'amorce la longue évolution d'un simple établissement à un village dont une grande proportion des familles est associée aux métiers du cuir. Le développement de l'agglomération prend véritablement de l'ampleur grâce à Gabriel Lenoir-Rolland et toute sa descendance au cours du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle. Bon nombre des résidents de l'ancien village sont des descendants des Lenoir-Rolland. En 1825, près de 63 % des travailleurs recensés du village des Tanneries sont liés aux métiers du cuir, soit des tanneurs, des cordonniers et des selliers. Cependant, dès le deuxième quart du XIXe siècle, le travail artisanal du cuir est perturbé par l'ouverture du canal Lachine, puis par l'arrivée du chemin de fer et de la mécanisation des métiers du cuir. Peu à peu, le pôle du travail du cuir de Saint-Henri se déplace le long du canal Lachine avec, entre autres, l'arrivée de la tannerie industrielle Moseley en 1859. Au milieu du XIXe siècle, les artisans travaillant le cuir sont de moins en moins nombreux dans le village. L'ancien noyau villageois des tanneries voit alors sa vocation changer pour devenir plus résidentielle et commerciale.

La bouteille à cirage a été retrouvée dans un remblai de nivellement daté d'entre 1835 et 1838 ayant scellé les vestiges d'une ancienne maison-tannerie. Celle-ci appartenait à des membres de la famille Lenoir dit Rolland au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et du premier tiers du XIXe siècle.

RÉFÉRENCES

DUGUAY, Geneviève et Mario SAVARD. La fonction commerciale de Place-Royale entre 1820 et 1860. Patrimoine, série Dossiers, 68. Québec, Publications du Québec, 1990. 363 p.