Le pot à pâte d'anchois a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il témoigne de la variabilité des contenants et des produits alimentaires commercialisés au XIXe siècle et au XXe siècle. Il a également été choisi parce que ce condiment a été mis en marché par la compagnie Crosse & Blackwell après 1839.

Le pot à pâte d'anchois en terre cuite fine blanche est moulé après 1839 à Londres, en Angleterre. D'après les inscriptions imprimées en noir sur le devant du pot, il contient un produit commercialisé par la compagnie Crosse and Blackwell. Fondée à Londres en 1706 sous le nom de West and Wyatt, la société est achetée en 1830 par Edmund Crosse et Thomas Blackwell. Elle devient l'un des plus grands fabricants de produits alimentaires au monde. En 1837, elle reçoit un mandat royal de la reine Victoria et entreprend une production de masse. L'entreprise déménage en 1839 au 21, Soho Square. Son commerce d'exportation est prospère avec la vente de sauces et de cornichons ainsi que des variétés de soupes, de viandes en pot, de confitures et de miel. En 1880, 60 000 bouteilles de cornichons sont produites par semaine. En 1920, la compagnie achète l'entreprise James Keiller de Dundee, un fabricant de confitures et de marmelade de Londres. Aujourd'hui, la marque Crosse and Blackwell fait partie de la famille de produits The J. M. Smucker Company.

Le pot à pâte d'anchois est un récipient servant à contenir un condiment réalisé à base d'anchois. La pâte d'anchois est un produit alimentaire utilisé depuis des siècles comme ingrédient servant à relever la saveur de certains plats. Il est également utilisé comme condiment à étendre dans un sandwich, tel qu'il est mentionné sur le pot. Ce condiment est fabriqué de façon industrielle à partir du XIXe siècle. L'anchois est un petit poisson principalement pêché en Méditerranée. Il s'agit d'un produit d'importation, typique de la cuisine anglaise, probablement destiné à une clientèle aisée.

Le pot à pâte d'anchois est mis au jour en 2012 sur le site archéologique situé au 50, rue des Seigneurs, dans la ville de Montréal. Ce lieu est situé au coeur du secteur des écluses Saint-Gabriel du canal de Lachine. Ce dernier est d'une grande importance dans l'histoire du Canada. Conçu à l'origine pour contourner les rapides de Lachine et faciliter ainsi la navigation le long du fleuve Saint-Laurent, le canal est achevé entre 1821 et 1825. C'est à cette époque que le quartier Sainte-Anne voit se développer de nombreuses industries associées à la transformation du bois (portes et fenêtres, moulures, chaises, sciage et tonnellerie), au travail du métal (trois fonderies et une fabrique d'outils), au textile (coton et laine), au sucre (Redpath), au chantier naval Cantin, à la fabrication de cordage et de souliers de caoutchouc (Celebration Committee 1856), ainsi que la meunerie Ogilvie. Le pot a été retrouvé au cours de travaux d'excavation mécanique d'une tranchée.