Laboratoire d'archéologie du Québec
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Polissoir. Côté AImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

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Polissoir. Côté BImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

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Polissoir. ProfilImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BkGg-12 > Numéro de catalogue 1171

Contexte(s) archéologique(s)

Atelier
Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le polissoir a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il représente une catégorie d'outils abrasifs répandus à la période de l'Archaïque récent (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Les polissoirs font partie des outils limeurs qui permettent de transformer la matière telle que l'os et la pierre et sont notamment utiles pour la production des outils de pierre polie qui sont un élément diagnostique de la tradition laurentienne de l'Archaïque récent.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le polissoir est un outil abrasif façonné en pierre. Il est employé, de manière active ou passive, pour modifier ou fabriquer des objets par abrasion ou limage. Le polissoir peut être employé sur divers matériaux, dont le bois, l'os, l'andouiller, les dents, la pierre et certains métaux tels que le cuivre natif.

Selon la configuration de ses surfaces abrasives, qui peuvent être des sillons, des pans ou des cannelures, le polissoir est utilisé pour régulariser une surface plane ou concave, adoucir les pourtours d'un objet ou créer des formes telles que des barbelures ou des encoches dans les outils en os ou de pierre polie. La performance du polissoir est reliée notamment à la granulométrie et à la résistance des grains de la pierre qui le compose. Par ses différentes applications et son importance dans la technologie de la pierre polie et des outils en os, le polissoir est un outil dont l'usage est répandu à la période de l'Archaïque récent.

Le polissoir, qui est de forme trapézoïdale, est façonné à partir d'un petit bloc de grès fin tabulaire légèrement modifié. Il présente des traces d'usure sur ses deux faces. Les principales traces d'utilisation sont des cannelures, qui sont des sillons courts et profonds provoqués par un frottement dans un mouvement longitudinal de va-et-vient sur une surface restreinte associé à la modification ou au ravivage du tranchant des incisives de gros rongeurs tels que le castor. Le polissoir présente aussi sur sa face dorsale un sillon plus long et peu profond. Les parois et la base de sillon prennent une forme concave à semi-circulaire. Cette partie de l'outil semble ainsi avoir été utilisée pour régulariser le pourtour d'objets cylindriques tels que des tiges ou des hampes.

Le polissoir a été découvert sur le site de l'île Morrison, qui est considéré comme un important atelier associé aux groupes autochtones de tradition laurentienne de l'Archaïque récent laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Le site de l'île Morrison a été occupé vers 5 600 et 5 400 ans calibrés avant aujourd'hui (soit l'équivalent de 3 650 à 3 450 ans avant J. C. ). Les artisans y ont travaillé la pierre, l'os et le cuivre de manière intensive. Avec plus de 2 500 spécimens, le nombre et la variété des polissoirs récupérés sur le site sont des indices importants de ce travail intensif. Le polissoir permet d'illustrer la diversité de cet important assemblage d'outils multifonctionnels aux formes variables.

RÉFÉRENCES

CHAPDELAINE, Claude et Norman CLERMONT. Île Morrison : lieu sacré et atelier de l'Archaïque dans l'Outaouais. Paléo-Québec, 28. Hull/Montréal, Musée canadien des civilisations/Recherches amérindiennes au Québec, 1998. 158 p.
CLERMONT, Norman et François GAUVIN. « Les polissoirs archaïques de l'île Morrison ». Canadian journal of archaeology / Journal canadien d'archéologie. Vol. 22, no 2 (1999), p. 127-138.