Laboratoire d'archéologie du Québec
< RETOUR À LA RECHERCHE
Tête de harpon à encoche. Côté AImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

IMG2020-0177-0039-Dm
Tête de harpon à encoche. Côté BImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

IMG2020-0177-0038-Dm

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BkGg-12 > Numéro de catalogue 2428

Contexte(s) archéologique(s)

Atelier
Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La tête de harpon à encoche a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle illustre la variabilité des armatures distales fabriquées en os à la période de l'Archaïque récent (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Elle a aussi été retenue en raison de la rareté des artéfacts en os sur les sites associés à la période archaïque en général.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La tête de harpon à encoche est un instrument utilisé pour la chasse ou la pêche. Son extrémité distale est pointue et soigneusement polie. Sa partie proximale amincie permet d'enficher l'armature dans la hampe ou la préhampe d'une lance ou d'un harpon. L'objet comporte une perforation dans son tiers inférieur qui permet d'attacher la tête à la hampe de l'arme au moyen d'une ligne et de conserver ainsi un lien entre sa partie détachable et son utilisateur.

Une autre interprétation identifie l'artéfact comme étant plutôt un poinçon perforé à encoche latérale, soit un grand poinçon spécialisé employé à la manière d'une navette pour la fabrication de filets de pêche.

Sur la base des caractéristiques fonctionnelles de l'objet, c'est la fonction de tête de harpon qui est ici privilégiée, mais la seconde proposition soulève avec éloquence le défi interprétatif associé aux outils en os de la période archaïque qui ne sont que faiblement représentés dans le registre archéologique. Une analyse tracéologique de ces objets serait ainsi susceptible de nous apprendre beaucoup plus que les types morphotechnologiques largement appliqués.

La tête de harpon a été mise au jour sur le site de l'île Morrison, qui a été daté avec précision par la méthode radiocarbone, ainsi que par ses assemblages d'outils diagnostiques de la phase Brewerton de l'Archaïque récent laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Le site, qui a été occupé vers 5 600 et 5 400 ans calibrés avant aujourd'hui (soit l'équivalent de 3 650 à 3 450 ans avant J. C. ), est considéré comme un important atelier lié à la fabrication d'objets en matières animales dures, en pierre taillée et polie et en cuivre natif.

La riche collection archéologique du site, caractérisée par la présence très rare d'un vaste assemblage d'objets en os et de déchets de fabrication, permet de documenter la culture matérielle des groupes autochtones de tradition laurentienne de l'Archaïque récent. L'atelier du site de l'île Morrison, qui a livré une collection de plus de 80 spécimens de harpons, ouvre non seulement une fenêtre sur ces productions et leur variabilité, mais il offre la possibilité de mieux documenter ce type d'objet de l'Archaïque récent qui ne bénéficie que d'une faible visibilité archéologique.

RÉFÉRENCES

CHAPDELAINE, Claude et Norman CLERMONT. Île Morrison : lieu sacré et atelier de l'Archaïque dans l'Outaouais. Paléo-Québec, 28. Hull/Montréal, Musée canadien des civilisations/Recherches amérindiennes au Québec, 1998. 158 p.