Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragments de vase. Faces externesImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragments de vase. Faces internesImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération E > Lot 6 > Numéro de catalogue 188
CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération Q > Lot 11 > Numéro de catalogue 434

Contexte(s) archéologique(s)

Cellier
Dépotoir
Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Les fragments de vase ont été sélectionnés pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il s'agit de rares témoins de vases de fabrication autochtone sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette et qu'ils portent un décor incisé.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Les fragments de vase appartiennent à un vase fabriqué en terre cuite grossière de type autochtone qui est utilisé à la mission Notre-Dame-de-Lorette à la fin du XVIIe siècle. Il s'agit de deux tessons provenant de la partie supérieure du vase qui portent un décor linéaire incisé sur la paroi extérieure. Les fragments sont difficiles à orienter et pourraient appartenir à la section col-épaule ou col et base du parement ou à un pseudoparement du vase. Le plus gros tesson comporte une partie resserrée, possiblement un col, de faible hauteur. Il mesure 4,3 cm de hauteur et 2,6 cm de largeur. Le plus petit tesson mesure 2,3 cm de hauteur et 1,7 cm de largeur. L'épaisseur de la paroi varie beaucoup, atteignant 0,9 cm à une extrémité, 0,5 à 0,6 cm dans la section resserrée et seulement 0,3 à 0,4 cm à l'autre extrémité.

La pâte grossière est dense, de couleur chamois orangé avec une âme légèrement grisâtre. Elle a de petites alvéoles ainsi que quelques inclusions minérales blanches de petite à grande taille. Les deux tessons portent un décor finement incisé composé de lignes parallèles obliques descendant vers la gauche. Sur le plus gros fragment, le décor est délimité à une extrémité par une ligne horizontale irrégulière, située à 1,6 cm sous la section resserrée. La partie de la paroi non décorée par des incisions a été grossièrement brunie (polie) à l'aide d'un outil, raffermissant la pâte tout en lui donnant un aspect plus lisse et légèrement lustré. Les tessons ne montrent aucune trace de suie ou de dépôt calciné pouvant indiquer que le vase aurait été utilisé pour la cuisson.

Le petit format des deux tessons ne permet pas de déterminer l'orientation et la forme précise du vase, son diamètre d'ouverture ni d'estimer la taille du vase original. Par contre, le décor linéaire oblique rappelle le décor de type « Huron Incised » retrouvé sur le parement de vases hurons ontariens qui sont particulièrement communs à la période historique, durant la première moitié du XVIIe siècle. Néanmoins, les incisions des décors de ce type sont habituellement plus grossières et il n'y a pas de ligne horizontale qui délimite le décor de lignes obliques, comme sur le tesson de la mission Notre-Dame-de-Lorette. Il reste donc difficile d'associer le vase de la mission à une production précise connue des époques antérieures parmi les Iroquoiens, dont les Hurons de l'Ontario ou d'Iroquoisie.

Un des tessons provient d'une couche de sol témoignant de l'abandon du deuxième presbytère de L'Ancienne-Lorette et de l'utilisation de cette aire comme zone de rejet. Un nombre important d'artéfacts pouvant être associés à la mission huronne s'y trouvent. L'autre tesson a été trouvé dans la quatrième couche de comblement d'une fosse utilisée comme cellier dans le deuxième presbytère du site, construit vers 1700 sur l'emplacement de la mission huronne. Cette couche daterait de la période de 1723 à 1760 environ, mais elle contient aussi une grande quantité d'objets associés à la période de la mission. Malgré sa déposition au XVIIIe siècle, cette couche de comblement comporte des sols provenant de l'occupation de la mission au XVIIe siècle. La présence de ces objets dans la fosse pourrait être liée aux creusements successifs de la fosse du cellier au cours de son utilisation au XVIIIe siècle, modifiant l'emplacement précis de la fosse dans le vide sanitaire du bâtiment et perturbant par le fait même les sols inférieurs associés à l'occupation de la mission au XVIIe siècle. D'autres tessons de céramique autochtones appartenant au même vase pourraient se trouver parmi la collection archéologique du site, mais leur appartenance est difficile à déterminer compte tenu de l'impossibilité d'identifier des recollages directs entre les tessons. Les fragments de vase ont fait l'objet d'une analyse spécialisée et ont été intégrés dans la collection du Musée huron-wendat de Wendake.

RÉFÉRENCES

GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
PLOURDE, Michel. « Céramiques autochtones ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 490-494.
RAMSDEN, P.G. « The Hurons : Archaeology and Culture History ». ELLIS, Chris J., dir. et Neal FERRIS, dir. The Archaeology of Southern Ontario to A.D. 1650. Occasional Publication of the London Chapter, OAS, 5. London, Ontario Archaeological Society, 1990, p. 361-384.