Le fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible de type vasiforme a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il est associé à une pipe qui a été utilisée et possiblement fabriquée aussi durant l'occupation de la mission Notre-Dame-de-Lorette. De plus, cet objet a un fourneau à plan carré et rappelle vaguement le modèle de pipe dit Latreille, un modèle de date contemporaine à l'occupation de la mission.

Le fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible de type vasiforme provient d'une pipe fabriquée au XVIIe siècle. Ce fragment du fourneau et du col mesure 3,7 cm de hauteur. La pipe a été façonnée dans un grès très fin de couleur brun orangé. Le fourneau a des parois légèrement convexes et un plan carré aux coins arrondis, et il mesure 2,4 cm sur 2,1 cm à son sommet. La paroi du fourneau est très épaisse. Le foyer est conique et mesure 1,8 cm de diamètre à son sommet. Le col est étranglé et de plan ovale, mais la majeure partie de la section inférieure de la pipe est manquante. Le dessus du trou de fumée est visible sur la face arrière (proximale) du fourneau de pipe.

Cette pipe sert à la consommation de narcotiques, dont surtout le tabac. L'espèce principale consommée par les Autochtones est la « Nicotiana rustica L. ». Chez les Autochtones, fumer du tabac est d'abord issu d'une pratique symbolique et spirituelle liée au chamanisme, mais l'habitude de fumer se généralise auprès des groupes autochtones au XIVe siècle, avant le contact avec les Européens. Fumer le calumet fait aussi partie des coutumes traditionnelles entourant l'établissement d'alliances et les négociations lors de la traite des fourrures.

La pipe à tuyau amovible de type vasiforme fait son apparition sur les sites autochtones dès la fin de la préhistoire. Comme son nom l'indique, elle rappelle la forme des vases en argile cuite fabriqués par les groupes autochtones. Ces pipes connaissent une recrudescence à partir des années 1630 et sont fabriquées et utilisées au moins jusqu'à la fin du XVIIe siècle.

La fabrication de la pipe débute par la taille et le dégrossissage d'un petit bloc de grès afin d'obtenir une ébauche. Le foyer et la cheminée sont forés à partir de l'extrémité plus large de l'ébauche. Le trou de fumée est foré à l'horizontale dans la partie inférieure du fourneau. La forme extérieure du fourneau est façonnée y compris le col en creux dans la partie centrale de l'objet.

Des stries horizontales sont visibles sur la paroi intérieure du foyer. Ils pourraient témoigner du travail de forage du foyer, ou, plus probablement, du curetage du foyer. Deux stries droites verticales sont gravées dans une des parois et des stries horizontales marquent le col. Elles semblent témoigner du travail de la pierre lors du façonnage de la pipe. Des stries horizontales à l'intérieur du foyer pourraient également témoigner du perçage de ce dernier. La pipe ne semble pas avoir reçu de traitement de finition par abrasion. Elle s'est possiblement brisée lors du façonnage de la partie inférieure ou lors du forage du trou de fumée.

La forme carrée du fourneau est une caractéristique aussi observée sur des pipes iroquoiennes en terre cuite du Sylvicole supérieur et de la période de contact, jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Elles ressemblent plus particulièrement au type dit « coronet trumpets » souvent associé aux Hurons. Mais ce fourneau rappelle aussi les pipes de type dit « Latreille », un modèle de pipe retrouvé sur plusieurs sites archéologiques de date contemporaine à l'occupation de la mission Notre-Dame-de-Lorette.

Le fragment de pipe a été mis au jour entre le 28 mai et le 4 juin 2018, lors de la fouille d'une partie de l'aire située immédiatement au nord de l'actuel presbytère de L'Ancienne-Lorette. Elle a été trouvée dans les tout premiers sols d'occupation du site, datant des environs de 1673, qui comportent de nombreux autres artéfacts et écofacts datant de cette période.

Les fouilles étaient nécessaires au préalable de la construction d'un nouveau centre communautaire adjoint au presbytère à la fin de 2018. Le fragment de pipe a fait l'objet d'une analyse spécialisée effectuée à la suite de l'inventaire de la collection archéologique provenant des fouilles. Par la suite, elle a été intégrée dans la collection du Musée huron-wendat de Wendake.