Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible de type vasiforme. Face externeImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible de type vasiforme. Face interneImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération F > Lot 19 > Numéro de catalogue 254

Contexte(s) archéologique(s)

Village autochtone

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible de type vasiforme a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec parce qu'il est associé à une pipe qui a été utilisée durant l'occupation de la mission Notre-Dame-de-Lorette et qui porte toujours des traces de son utilisation. Ce type de pipe en pierre est particulièrement populaire à la fin du XVIIe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de fourneau de pipe à tuyau amovible de type vasiforme est lié à la consommation de produits narcotiques comme le tabac. La pipe a été fabriquée au XVIIe siècle et a été jetée ou perdue sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette. Seul un fragment du fourneau avec le début du col a été retrouvé. Il mesure 2,6 cm de hauteur. La pipe a été façonnée dans un fragment de calcaire, de grès très fin ou de concrétion argileuse, de couleur brunâtre clair. La paroi extérieure est de couleur grise. Le fourneau est cylindrique et légèrement évasé vers le haut. Il a une paroi extérieure droite, un plan circulaire et une lèvre arrondie. Il surmonte un col plus étroit, mais toujours large et possiblement cintré. Son diamètre est de 2,5 cm en haut et de 2,3 cm en bas. Le foyer est conique et mesure 1,8 cm de diamètre au sommet. Des traces de combustion noirâtres sont visibles sur le haut et le bas de la paroi intérieure du foyer.

La pipe à tuyau amovible de type vasiforme sert à la consommation de narcotiques, dont surtout le tabac. L'espèce principale consommée par les Autochtones était la « Nicotiana rustica L. », mais il y avait aussi des mélanges d'herbes, généralement appelés « kinnickinnick ». Chez les Autochtones, fumer du tabac est d'abord issu d'une pratique symbolique et spirituelle liée au chamanisme, mais l'habitude de fumer s'est généralisée auprès des groupes autochtones au XIVe siècle, avant le contact avec les Européens. Fumer le calumet fait aussi partie des coutumes traditionnelles entourant l'établissement d'alliances et les négociations lors de la traite des fourrures.

La pipe à tuyau amovible de type vasiforme fait son apparition sur les sites autochtones dès la fin de la préhistoire. Comme son nom l'indique, elle rappelle la forme des vases en argile cuite fabriqués par les groupes autochtones. Ces pipes connaissent une recrudescence à partir des années 1630 et sont fabriquées et utilisées au moins jusqu'à la fin du XVIIe siècle.

La fabrication de la pipe débute par la taille et le dégrossissage d'un petit bloc de pierre afin d'obtenir une ébauche. Le foyer et la cheminée sont forés à partir de l'extrémité plus large de l'ébauche. La forme extérieure du fourneau est façonnée y compris le col en creux dans la partie centrale de l'objet. Les contours de la pipe sont adoucis par abrasion. Le trou de fumée est foré horizontalement à partir d'une des faces du fourneau d'où il rejoint la cheminée, mais cette partie de la pipe ainsi que sa partie inférieure sont manquantes.

La pipe à tuyau amovible de type vasiforme a été utilisée durant l'occupation de la mission Notre-Dame-de-Lorette comme en témoignent les traces de combustion présentes dans le fourneau. Rares sont les traces de combustion sur les nombreuses pipes retrouvées sur le site. Le fragment conserve aussi de légères traces de facettes de fabrication sur sa paroi extérieure.

Le fragment de pipe a été mis au jour entre le 26 juin et le 9 juillet 2018, lors de la fouille d'une partie du stationnement situé au nord de l'actuel presbytère de L'Ancienne-Lorette. Le contexte de découverte est lié à l'occupation de la mission entre 1673 et 1697 et comporte de nombreux autres artéfacts et écofacts datant de cette période. Le fragment de pipe a fait l'objet d'une analyse spécialisée effectuée à la suite de l'inventaire de la collection archéologique provenant des fouilles. Elle a, par la suite, été intégrée dans la collection du Musée huron-wendat de Wendake.

RÉFÉRENCES

CHAPDELAINE, Claude. « Des « cornets d'argile » iroquoiens aux « pipes de plâtre » européennes ». DELÂGE, Denys, dir., Réal OUELLET, dir. et Laurier TURGEON, dir. Transferts culturels et métissages. Amérique / Europe XVIe - XXe siècle. Les Presses de l'Université Laval, Sainte-Foy, 1996, p. 189-208.
DAVIAU, Marie-Hélène. La pipe en pierre dans la société canadienne des XVIIe, XVIIIe, et XIXe siècles. Cahiers d'archéologie du CELAT, 26. Québec, CELAT, 2009. 307 p.
DAVIAU, Marie-Hélène. « Pipes en pierre ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 497-520.
FITZGERALD, W.R. et P.A. LENNOX. « The Culture History and Archaeology of the Neutral Iroquoians ». ELLIS, Chris J., dir. et Neal FERRIS, dir. The Archaeology of Southern Ontario to A.D. 1650. Occasional Publication of the London Chapter, OAS, 5. London, Ontario Archaeological Society, 1990, p. 405-455.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
RAMSDEN, P.G. « The Hurons : Archaeology and Culture History ». ELLIS, Chris J., dir. et Neal FERRIS, dir. The Archaeology of Southern Ontario to A.D. 1650. Occasional Publication of the London Chapter, OAS, 5. London, Ontario Archaeological Society, 1990, p. 361-384.
TREMBLAY, Roland. « Se conter des pipes : la pipe dite micmac, des origines amérindiennes aux mythes modernes ». FERLAND, Catherine, dir. Tabac & fumées. Regards multidisciplinaires et indisciplinés sur le tabagisme, XVe - XXe siècles. Québec, Presses de l'Université Laval, 2007, p. 21-50.