Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à l'horizontale, côté AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue à l'horizontale, côté BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilage, côté AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilage, côté BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 9 > Sous-opération A > Lot 3 > Numéro de catalogue 645

Contexte(s) archéologique(s)

Jardin

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La perle tubulaire en catlinite a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec en raison du matériau exotique utilisé pour sa fabrication. Elle a aussi été retenue parce qu'elle est entière et qu'elle porte un décor.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle tubulaire est un objet de parure personnelle utilisé au XVIIe siècle. Elle est façonnée dans la catlinite et est entière. De grande taille, elle a une forme effilée, triangulaire et très allongée avec son sommet tronqué et sa base légèrement concave. Sa section, qui est rectangulaire aux coins arrondis, est percée d'un trou d'enfilage longitudinal qui est centré dans sa base concave, mais qui perce son extrémité plus petite de façon décentrée. Le forage de cette perforation a donc été effectué en une seule fois en commençant à la base concave de l'objet. Elle mesure 2,97 cm de longueur, entre 0,49 et 0,66 cm de largeur et son épaisseur et de 0,37 cm. La perforation longitudinale a un diamètre de 0,19 cm. Les quatre rebords longs de forme arrondie de la perle sont décorés de six à sept minuscules encoches triangulaires, disposées à équidistance le long de chaque rebord.

La perle a été façonnée à partir d'un fragment de catlinite qui a été coupé et taillé, et possiblement limé à certains endroits. Une fois la forme définie, un trou a été percé à travers l'axe longitudinal de la perle à l'aide d'un foret ou d'un perçoir, en partant du centre de la base. Ensuite, la surface a été polie. Six a sept petites encoches de forme triangulaire ont été pratiquées sur chacun des rebords longs arrondis de la perle. Elles sont placées à équidistance et distribuées sur toute la longueur de la pièce.

La perle tubulaire en catlinite peut être portée comme parure personnelle, enfilée sur un collier, un bracelet ou un objet similaire. Elle peut aussi être fixée ou cousue sur un autre objet ou un vêtement en guise de décoration.

Une importante quantité d'objets en catlinite ont été mis au jour sur le site de Lasanen au Michigan, un cimetière utilisé par des Hurons et des Outaouais entre 1670 et 1700. Parmi les 59 perles tubulaires de ce site, trois perles sont aussi décorées de petites encoches sur les rebords. Ce site est contemporain à l'occupation de la mission Notre-Dame-de-Lorette.

L'argilite rouge utilisée pour le façonnage de cette perle est un produit exogène de la région de Québec. Les Hurons-Wendats ou les Iroquois ont vraisemblablement obtenu ce matériau, ou des objets finis façonnés en argilite rouge, par la traite avec d'autres nations. Il s'agit ici fort probablement de catlinite, une pierre tendre très recherchée par les groupes autochtones pour ses grandes qualités, sa facilité de façonnage et surtout sa couleur rouge, qui aurait une signification symbolique, spirituelle et sacrée. Une source importante de catlinite est la carrière du Pipestone National Monument, situé dans le sud-ouest du Minnesota.

Sur les sites hurons, neutres et pétuns de l'Ontario, la catlinite, ou du moins l'argilite rouge, semble particulièrement présente entre 1630 et 1650. Les Outaouais auraient joué un rôle important dans la diffusion de cette pierre et d'autres argilites rouges à cette époque.

La perle tubulaire en catlinite a été mise au jour lors de fouilles réalisées à l'été 2018 sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette. Elle provient d'une couche associée à l'aménagement d'un jardin sur le lieu de la mission Notre-Dame-de-Lorette durant la deuxième moitié du XIXe siècle. L'occupation de ce secteur par un jardin dont les labours s'observent dans la couche serait contemporaine à la présence d'une étable à proximité entre 1864 et 1893. Ces labours auraient affecté les dépôts antérieurs datant de l'occupation de la mission à la fin du XVIIe siècle et probablement aussi de l'occupation du presbytère au XVIIIe siècle. Ce remaniement expliquerait la présence d'artéfacts plus anciens, comme cette perle, dans la couche du XIXe siècle. La perle a fait l'objet d'une analyse spécialisée et a, par la suite, été intégrée dans la collection du Musée huron-wendat de Wendake. Une analyse minéralogique pour déterminer s'il s'agit de catlinite véritable provenant du Minnesota n'a pas été effectuée.

RÉFÉRENCES

DALLAIRE-FORTIER, Coralie. Une étude technologique des ornements abénakis de la période de contact et de la période historique amérindienne retrouvés sur le site archéologique d’Odanak. Université de Montréal, 2016. 134 p.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
RICHNER, Jeffrey J., Douglas D. SCOTT, Scott STADLER et Thomas D. THIESSEN. An Archeological Inventory and Overview of Pipestone National Monument. Midwest Archeological Center Occasional Studies in Anthropology, 34. Lincoln, United States Department of the Interior, National Park Service, Midwest Archeological Center, 2006. 404 p.
TREMBLAY, Roland. « Perles en pierre ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 525-544.