Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue à l'horizontale, côté AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue à l'horizontale, côté BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue à l'horizontale, côté CImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilage, côté AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Vue du trou d'enfilage, côté BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEu-11 > Opération 7 > Sous-opération Q > Lot 11 > Numéro de catalogue 462

Contexte(s) archéologique(s)

Cellier
Remblai

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La perle a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec en raison du matériau exotique utilisé pour sa fabrication, du type de perle à section ovale, et parce qu'elle est entière.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle est un objet de parure personnelle en catlinite utilisé au XVIIe siècle. Cet objet tubulaire de taille moyenne est entier. La perle a une section ovale, ses deux extrémités sont plates et elle a une perforation longitudinale qui est bien centrée sur toute sa longueur. La perle mesure 2,42 cm de longueur, 0,53 cm de largeur et son épaisseur est de 0,37 cm. Le diamètre de la perforation est de 0,2 cm. Une série de cinq petits trous se trouvent près d'une des extrémités. Ces trous très petits et irréguliers pourraient être d'origine naturelle ou liés à la fabrication de la perle. Quelques stries irrégulières sur une des faces de la perle pourraient être des traces de fabrication ou des traces d'usure.

La perle a été façonnée à partir d'un fragment de catlinite qui a été coupé et taillé, et possiblement limé à certains endroits. Une fois la forme définie, la surface a été polie et un trou a été percé dans le sens de la longueur de la perle à l'aide d'un foret ou d'un perçoir.

La perle peut être portée comme parure personnelle, enfilée sur un collier, un bracelet ou un objet similaire. Elle pourrait aussi être fixée ou cousue sur un autre objet ou un vêtement à titre de décoration.

L'argilite rouge utilisée pour le façonnage de cette perle est un produit exogène de la région de Québec. Les Hurons-Wendats ou les Iroquois ont vraisemblablement obtenu ce matériau, ou des objets finis façonnés en argilite rouge, par la traite avec d'autres nations. Il s'agit ici fort probablement de catlinite, une pierre tendre très recherchée par les groupes autochtones du Midwest et du Sud-ouest américain depuis la préhistoire pour ses grandes qualités, sa facilité de façonnage et surtout sa couleur rouge, qui aurait une signification symbolique, spirituelle et sacrée. Une source importante de catlinite est la carrière du Pipestone National Monument, situé dans le sud-ouest du Minnesota.

À l'est des Grands Lacs, les objets fabriqués en catlinite ne semblent apparaitre qu'au début du XVIIe siècle. Plus d'une trentaine d'autres sources d'argilite rouge ont aussi été identifiées au fil du temps dans le Midwest et le Sud-ouest américain ainsi qu'en Ontario. Certaines ont été exploitées depuis plus de 5 000 ans.

Sur les sites hurons, neutres et pétuns de l'Ontario, la catlinite, ou du moins l'argilite rouge, semble particulièrement présente durant la période 1630 et 1650. Les Outaouais auraient joué un rôle important dans la diffusion de cette pierre et d'autres argilites rouges à cette époque.

La perle a été mise au jour lors de fouilles réalisées à l'été 2018 sur le site du presbytère de L'Ancienne-Lorette. Elle a été trouvée dans la quatrième couche de comblement d'une fosse utilisée comme cellier, puis comme fosse à déchets, dans le deuxième presbytère du site, construit vers 1700 sur l'emplacement de la mission huronne Notre-Dame-de-Lorette. Cette couche a été déposée après 1723, car une monnaie anglaise datant de cette année a été trouvée dans le dépôt. Le bâtiment aurait été abandonné à la fin du régime français, vers 1760. La couche contient aussi de nombreux objets de traite et du matériau associé à la fabrication de fourneaux de pipes en pierre que l'on associe à la présence autochtone sur le site. Malgré sa déposition au XVIIIe siècle, cette couche de comblement comporte des sols remaniés provenant de l'occupation de la mission Notre-Dame-de-Lorette au XVIIe siècle, entre 1673 et 1697. La perle a fait l'objet d'une analyse spécialisée et a, par la suite, été intégrée dans la collection du Musée huron-wendat de Wendake. Une analyse minéralogique pour déterminer s'il s'agit de catlinite véritable provenant du Minnesota n'a pas été effectuée.

RÉFÉRENCES

DALLAIRE-FORTIER, Coralie. Une étude technologique des ornements abénakis de la période de contact et de la période historique amérindienne retrouvés sur le site archéologique d’Odanak. Université de Montréal, 2016. 134 p.
GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019. 652 p.
RICHNER, Jeffrey J., Douglas D. SCOTT, Scott STADLER et Thomas D. THIESSEN. An Archeological Inventory and Overview of Pipestone National Monument. Midwest Archeological Center Occasional Studies in Anthropology, 34. Lincoln, United States Department of the Interior, National Park Service, Midwest Archeological Center, 2006. 404 p.
TREMBLAY, Roland. « Perles en pierre ». GAIA, coopérative de travail en archéologie. Fouilles archéologiques sur le site du Presbytère de l'Ancienne-Lorette (CeEu-11). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ville de l'Ancienne-Lorette, 2019, p. 525-544.