Laboratoire d'archéologie du Québec
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Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

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Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

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Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BkGg-12 > Numéro de catalogue 8190

Contexte(s) archéologique(s)

Atelier
Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La hache en cuivre a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle fait partie d'un ensemble d'objets en cuivre natif représentatifs de la tradition laurentienne de l'Archaïque récent (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Il s'agit d'une pièce massive plutôt rare parmi les assemblages d'objets mis au jour qui illustre la variabilité des types et des gabarits d'objets fabriqués en cuivre natif à une période où l'utilisation et la circulation de ce matériau atteignent un sommet dans la préhistoire du Québec et du nord-est de l'Amérique du Nord.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La hache fait partie d'une variété d'objets façonnés en cuivre natif associés à la tradition laurentienne de l'Archaïque récent (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Cet outil en cuivre est relativement analogue aux haches et herminettes fabriquées par bouchardage et polissage de la pierre et peut donc avoir des fonctions semblables, tel le travail de matières dures comme le bois et l'os. Le fait qu'il s'agisse d'un objet relativement rare, qui est de plus fabriqué dans un matériau exotique, la hache en cuivre devait receler une charge symbolique et identitaire non négligeable.

Pour obtenir un objet d'une telle dimension, il est nécessaire d'empiler plusieurs feuillets de cuivre natif martelé et de travailler ensuite cette masse par martelage afin de lui donner la forme et les caractéristiques souhaitées. La production d'un tel objet requiert notamment une grande quantité de matière première.

La hache provient du site de l'île Morrison. Daté avec précision par la méthode radiocarbone, ainsi que par ses assemblages d'outils diagnostiques de la phase Brewerton de l'Archaïque récent laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui), le site a été occupé vers 5 600 et 5 400 ans calibrés avant aujourd'hui (soit l'équivalent de 3 650 à 3 450 ans avant J. C. ). Le site de l'île Morrison qui a livré un grand nombre d'objets en cuivre est notamment considéré comme un atelier de fabrication d'objets en cuivre natif, mais aussi d'objets en pierre et en os.

Le site combine à la fonction d'atelier celle de lieu de rituel consacré à l'inhumation, plus d'une vingtaine de sépultures y ayant été répertoriées. Les productions en cuivre du site de l'île Morrison peuvent donc avoir été en partie destinées à une utilisation rituelle, mais le grand nombre d'éléments et la présence d'objets usuels indiquent que l'utilisation du cuivre natif n'était pas réservée exclusivement à des fonctions symboliques.

Le cuivre utilisé pour la fabrication de la hache provient selon toute vraisemblance de la région du lac Supérieur. L'utilisation abondante de ce matériau sur le site, dont témoigne la hache, indique que les groupes autochtones de l'Archaïque laurentien, qui occupaient la région de la vallée de l'Outaouais, étaient particulièrement bien rattachés à un vaste réseau d'échange et d'interaction qui reliait les Grands Lacs et la vallée du Saint-Laurent à l'Archaïque récent.

RÉFÉRENCES

CHAPDELAINE, Claude et Norman CLERMONT. « Adaptation, continuity and change in the middle Ottawa valley: A view from the Morrison and Allumettes Island late Archaïc sites ». RENOUF, M.A.P. et David SANGER. The Archaic of the Far Northeast. Orono, University of Maine Press, 2006, p. 191-220.
CHAPDELAINE, Claude et Norman CLERMONT. Île Morrison : lieu sacré et atelier de l'Archaïque dans l'Outaouais. Paléo-Québec, 28. Hull/Montréal, Musée canadien des civilisations/Recherches amérindiennes au Québec, 1998. 158 p.