La pointe triangulaire à pédoncule à logette a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle constitue un objet représentatif de la tradition laurentienne de l'Archaïque récent (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Étant donné sa fabrication en cuivre natif, son grand gabarit et sa facture fine, la pointe peut aussi avoir une fonction symbolique. Elle contribue à illustrer la variabilité des pointes de projectile produites en cuivre natif au cours de cette période.

La pointe triangulaire à pédoncule à logette est une armature distale en cuivre natif façonnée par martelage et pliage. Elle est typique des productions en cuivre natif des groupes autochtones de tradition laurentienne de l'Archaïque récent (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui) tout en demeurant un artéfact relativement unique en son genre. La pointe, dont les dimensions sont importantes, est de facture soignée. La lame de forme triangulaire est longue et traversée dans son axe longitudinal par une saillie qui se poursuit jusqu'au niveau du pédoncule. La saillie n'est présente que sur la face dorsale, alors que la face ventrale est plane et confère une forme triangulaire à la lame lorsque vue en coupe.

Le pédoncule, qui est façonné de manière à former une logette à trois pans, peut être considéré comme une variation de la pointe conique. Il recouvre l'extrémité distale de la lance pour y fixer la pointe. La pointe triangulaire à pédoncule à logette est donc en quelque sorte une pointe conique dont l'extrémité distale est allongée et renforcée. Dans ce cas-ci, la lame triangulaire est massive (pleine) et sa longueur de plus de 10 cm en fait un cas limite dont la qualité est rarement égalée. Il faut aussi noter que la pointe, étant donné ses attributs, requiert un accès à une quantité non négligeable de matière première brute.

La pointe triangulaire à pédoncule à logette a été récupérée sur le site de l'île aux Allumettes dans la région de l'Outaouais, reconnu pour avoir livré la plus grande collection d'objets en cuivre connue au Québec. Ce site constitue un vaste atelier et la découverte de nombreux objets et rebuts en cuivre natif indique qu'une production était réalisée sur place. Ce site bien daté est occupé vers 6 300 à 6 100 ans calibrés avant aujourd'hui (soit l'équivalent de 4 350 et 4 150 ans avant J. C. ) et comporte plusieurs éléments diagnostiques de la phase Vergennes de l'Archaïque récent laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui).

Le site de l'île aux Allumettes est également un lieu de rituel et plusieurs objets étaient destinés à des contextes funéraires, témoignant de la charge symbolique que pouvaient receler les objets en cuivre natif. La pointe à logette, bien qu'elle ne provienne pas d'un contexte funéraire explicite, pourrait avoir été dédiée à cette vocation ou du moins elle constitue un exemple frappant de la qualité et de l'originalité de certaines productions en cuivre natif.

C'est au cours de l'Archaïque récent laurentien que l'utilisation du cuivre natif se montre la plus intensive alors que certains objets peuvent être distribués sur de grandes distances. La région de l'Outaouais apparait alors comme un lieu stratégique d'un vaste réseau d'échange entre la région des Grands Lacs et celle de la vallée du Saint-Laurent.