Laboratoire d'archéologie du Québec
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Gorge. Côté AImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

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Gorge. Côté BImage
Photo : Steven Darby 2020, © Musée canadien de l'histoire

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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BkGg-11 > Numéro de catalogue 632

Contexte(s) archéologique(s)

Atelier
Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La gorge a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle témoigne de la variabilité des objets façonnés en cuivre natif par les groupes autochtones de tradition laurentienne de l'Archaïque récent (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Bien que relativement rares au Québec, les objets en cuivre natif constituent un élément diagnostique important de cette tradition.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La gorge est un objet en cuivre, de forme allongée, muni de deux extrémités pointues. L'objet est façonné par le martelage de pépites brutes de cuivre natif qui permet d'obtenir une feuille (cuivre feuillard). Celle-ci est ensuite repliée ou roulée de manière à obtenir une tige rigide. Les extrémités pointues sont également aménagées par martelage et constituent les portions actives de l'objet qui peut être employé dans diverses tâches telles que percer ou graver différentes matières. Les gorges font partie d'un ensemble plus large d'objets en cuivre natif dits «sur tige» qui comprend notamment les hameçons, les alènes et les poinçons.

La gorge a été mise au jour sur le site de l'île aux Allumettes dans la région de l'Outaouais. Ce site a livré la plus grande collection d'objets en cuivre connue au Québec. Ce site bien daté est occupé vers 6 300 à 6 100 ans calibrés avant aujourd'hui (soit l'équivalent de 4 350 à 4 150ans avant J. -C. ) et comporte plusieurs éléments diagnostiques de la phase Vergennes de l'Archaïque récent laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui). Ses assemblages de pierres taillées et polies, d'outils en os et d'objets en cuivre natif et sa période d'occupation bien définie et exclusive en font un site type de cette période.

Le site de l'île aux Allumettes constitue un vaste atelier et la découverte de nombreux objets et rebuts en cuivre natif indique qu'une production était réalisée sur place. L'analyse par activation neutronique de plusieurs artéfacts en cuivre du site démontre que cette matière provient de la région du lac Supérieur. C'est au cours de l'Archaïque récent laurentien que l'utilisation du cuivre natif se révèle la plus intensive, alors que certains objets sont distribués sur de grandes distances. La région de l'Outaouais apparait alors comme un lieu stratégique d'un vaste réseau d'échange entre la région des Grands Lacs et celle de la vallée du Saint-Laurent.

Le site est également un lieu de rituel, spécialement pour l'enfouissement des morts, un minimum de 18 sépultures y étant répertoriées. En plus des artéfacts destinés à des contextes funéraires, cet important atelier fournit un grand éventail d'objets fabriqués en cuivre natif, notamment de nombreux objets usuels, dont la gorge par exemple.

RÉFÉRENCES

CHAPDELAINE, Claude et Norman CLERMONT. « Adaptation, continuity and change in the middle Ottawa valley: A view from the Morrison and Allumettes Island late Archaïc sites ». RENOUF, M.A.P. et David SANGER. The Archaic of the Far Northeast. Orono, University of Maine Press, 2006, p. 191-220.
CHAPDELAINE, Claude, dir., Jacques CINQ-MARS, dir. et Norman CLERMONT, dir. L'Île aux Allumettes. L'Archaïque supérieur dans l'Outaouais. Paléo-Québec, 30. Montréal/Hull, Recherches amérindiennes au Québec/Musée canadien des civilisations, 2003. 363 p.