Laboratoire d'archéologie du Québec
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Semelle de patin de traîneau. Face AImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Semelle de patin de traîneau. Face BImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Semelle de patin de traîneau. ProfilImage
Photo : Sébastien Martel 2021, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EiBh-34 > Numéro de catalogue 69

Contexte(s) archéologique(s)

Domestique

Région administrative

Côte-Nord

MRC

Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité

Blanc-Sablon

Fonction du site

domestique
commerciale : poste de traite

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de semelle de patin de traîneau a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est représentatif de l'occupation de la région de la Côte-Nord au XIXe siècle.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de semelle de patin de traîneau est fabriqué au Canada au XIXe siècle. Il consiste en une plaque en os rectangulaire munie de deux trous de fixation servant à protéger le patin de l'usure et à lui permettre de mieux glisser sur la neige.

Le traîneau à chiens, ou cométique, est un véhicule servant au transport des gens, du matériel et du courrier en hiver sur de longues distances. Il est équipé de deux patins en bois de grève ou en os sur lesquels est posée une série de traverses dans un matériau similaire. Les traverses sont fixées aux patins par des lanières de cuir de phoque, sans trop les serrer, ce qui permet au traîneau de se déformer de manière flexible lors de son passage sur les crêtes de glace et les hummocks. Le nombre de chiens dans l'attelage varie, allant de deux ou trois animaux à plus d'une dizaine. Chacun est attelé au cométique par un trait de longueur différente, permettant à l'attelage de tirer en ligne ou en éventail.

Le nom de ce véhicule provient de l'inuktitut « qamotiq/qamutiik ». Le cométique apparait dans le registre archéologique il y a environ un millier d'années, à l'époque de l'arrivée des groupes thuléens dans le nord du Canada. Dans les années 1700, il est adopté par les engagés eurocanadiens des postes de pêche de la Basse-Côte-Nord et du détroit de Belle Isle. La motoneige remplace l'attelage de chiens au début des années 1960 pour tracter le traîneau.

Le fragment de semelle de patin de traîneau est mis au jour entre 1968 et 1991 sur le site de la concession de Brador, situé sur la rive est de la baie du même nom dans la municipalité de Blanc-Sablon. Ce site possède un passé riche et complexe, ayant vu se côtoyer ou se succéder des groupes de pêcheurs et exploitants bretons, normands, basques, espagnols et eurocanadiens dont les activités étaient centrées sur la chasse au loup marin (phoque) et à la baleine, la pêche au saumon et la traite. L'origine de ce site remonte à la concession foncière d'Augustin Legardeur de Courtemanche (1663-1717), qui lui est accordée au début du XVIIIe siècle. En 1722, elle couvre un territoire ayant une superficie de 36 lieux, s'étendant de la baie du Vieux Fort à L'Anse-au-Clair. Courtemanche y fait construire le fort Pontchartrain vers 1704, puis au gré des ajouts de bâtiments et de l'intensification des activités de chasse, de pêche et de traite, la concession prend l'allure d'une colonie permanente où peuvent vivre en saison forte jusqu'à une centaine de personnes. À sa mort, l'établissement est transmis à son héritier François Martel de Brouague (1692-1761). En 1740, le site est constitué d'une dizaine de bâtiments.

Localisé vers 1963, ce site a fait l'objet d'un nombre important de campagnes archéologiques. René Lévesque (1925-2007) y effectue des travaux de 1968 à 1972, puis en 1974 et 1975. La collection issue de ces fouilles, composée de milliers d'objets, s'avère d'une diversité et d'une richesse exceptionnelles et témoigne de nombreuses sphères de la vie sociale et économique de l'époque. Une seconde phase de travaux archéologiques est effectuée en de 1980 à 1983, puis en 1991, permettant d'associer la première occupation des lieux au régime français (1608-1759) et d'en identifier deux autres. La seconde période d'occupation semble avoir été moins importante, et la troisième se caractérise par la construction d'un bâtiment, possiblement une forge, par un certain Samuel Hobbs entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle.

Bien que de nombreuses fouilles aient déjà été effectuées sur ce site, le potentiel archéologique de la concession de Brador est encore immense et la poursuite de la fouille du bâtiment principal, le repérage et l'excavation des autres structures et puis l'analyse du matériel découvert restent encore à faire.

RÉFÉRENCES

LAMONTAGNE, M. et Françoise NIELLON. Recherche archéologique sur la Basse-Côte-Nord, la fouille de 1982 aux postes de Brador et de l'île à Bois (île au Bois). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Municipalité de Côte-Nord-du-Golfe-Saint-Laurent, 1982. 119 p.
NIELLON, Françoise. La collection archéologique du poste de Brador (EiBh-34) au Musée de Sept-Îles, catalogue des artefacts. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1984. s.p.