Montréal

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Le tire-lait a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'un artéfact présentant un état exceptionnel de conservation qui est très rarement retrouvé sur les sites archéologiques. La présence d'un tire-lait dans une collection archéologique permet d'illustrer à la fois la présence féminine et la présence d'enfants sur les lieux de la découverte.

Le tire-lait est fabriqué au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, possiblement en Europe. Le récipient en verre incolore est soufflé à l'air libre. Il est constitué d'un petit embout cylindrique à une extrémité, d'un corps en forme de poire se terminant par un réservoir globulaire, et d'une collerette à l'extrémité évasée située au centre de l'objet et reliée à celui-ci par un court tube cylindrique.

Le tire-lait est un objet personnel servant à l'expression du lait maternel. Il permet de stimuler la lactation et de recueillir le lait, qui peut ensuite être mis dans un biberon et donné au bébé au moment opportun par la mère ou une autre personne. Il peut ainsi servir à soulager la mère en période de sevrage, lui permettre de retourner plus rapidement à une occupation ou faciliter l'alimentation d'un bébé qui ne peut pas, ou prend mal le sein. Pour utiliser cet objet, la femme doit insérer le bout du sein dans la collerette. Un mince tube souple relie l'embout cylindrique du réservoir à un autre embout servant à aspirer par la bouche pour créer une pression visant à extraire le lait, qui se retrouve ensuite dans le fond du réservoir.

Au XIXe siècle, et particulièrement dans sa seconde moitié, de plus en plus d'hygiénistes et de médecins s'intéressent à l'alimentation des bébés et développent les principes de la puériculture afin de lutter contre la forte mortalité infantile. On assiste à cette époque à l'invention et à la mise en marché de divers types de biberons, de formules alimentaires pour enfants et aussi de tire-laits. Des tire-laits semblables paraissent d'ailleurs dans des catalogues de matériel pharmaceutique français datant de la fin du XIXe siècle et du début du siècle suivant.

Le tire-lait est mis au jour en 2002 sur le site de l'île Sainte-Hélène, dans un secteur témoignant de l'occupation militaire sur place. Les militaires britanniques occupent le site de 1820 à 1870 et y érigent un complexe entre 1820 et 1824 servant de poste d'approvisionnement pour les points de défense du Haut et du Bas-Canada. Le tire-lait a été retrouvé dans le sol du bâtiment associé aux latrines des femmes. En effet, les épouses et les familles des militaires peuvent vivre sur place, ainsi que certaines domestiques. Ce bâtiment de latrines est construit en 1851 et les latrines sont transformées en dépotoir dans les années 1860. Au départ des Britanniques en 1870, une grande quantité de matériel y est jetée. C'est dans ce contexte que le tire-lait aurait été mis au rebut. Le dépotoir a probablement servi quelques années encore jusqu'au moment de la restauration du bâtiment en 1882.