Montréal

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Le vase de mariés a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il a été retrouvé sur le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni dans un contexte archéologique daté entre 1844 et 1849. Il a aussi été choisi parce qu'il représente un objet lié au sacrement du mariage rarement documenté dans les contextes archéologiques.

Le vase de mariés est fabriqué en porcelaine dure européenne, possiblement en France en raison de son usage qui est lié à une tradition française. Fabriquée depuis le début du XVIIIe siècle, la porcelaine européenne ne semble importée dans la colonie qu'à partir du XIXe siècle. Le vase, de forme ovoïde, est doté d'un haut piédouche ondulé, d'une paroi évasée, d'un rebord droit et d'une lèvre très ondulée. Il est orné d'un décor moulé à motif d'arabesques peintes en gris, et d'un décor peint en noir sur la paroi illustrant un personnage masculin portant un tricorne.

Les vases de mariés sont des récipients offerts par les proches du couple dans le cadre du sacrement du mariage. Ces objets viennent généralement en trio avec un vase à motif floral accompagné de deux autres de plus petites dimensions affichant l'époux et l'épouse ou le garçon et la demoiselle d'honneur. Ils se conservent parfois sous des cloches de verre et sont exposés à titre d'objets à la fois décoratifs et commémoratifs.

Le vase de mariés est mis au jour en 2017 sur le site archéologique du Marché-Sainte-Anne-et-du-Parlement-du-Canada-Uni, situé à Montréal. Afin d'apaiser les tensions causées par la rébellion des Patriotes de 1837-1838, Lord Durham (1792-1840), gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique et commissaire enquêteur, propose l'union du Haut et du Bas-Canada. L'acte d'union est adopté en juillet 1840, et Kingston est désignée première capitale de la province du Canada. Dès 1843, cette fonction est déménagée à Montréal, étant une métropole commerciale bilingue et géographiquement bien placée entre les deux provinces. Le Parlement est alors installé dans le marché Sainte-Anne, construit en 1834 et le plus moderne et l'un des plus prestigieux bâtiments montréalais. Ce dernier est rénové dès mars 1844, puis le Parlement accueille les premiers débats peu après. Débattues depuis février 1849, les mesures devant dédommager les victimes de l'armée pendant les rébellions ravivent les tensions. Accueillie le 25 avril 1849, la Loi sur l'indemnisation éveille la fureur de la population et une large foule vient manifester autour du Parlement le soir même, incendiant le bâtiment et bloquant l'accès aux pompiers. Les ruines du Parlement, qui s'est écroulé sous les flammes, sont ensevelies, et le siège est déménagé à Toronto.

Le vase de mariés a été retrouvé dans les décombres du corps central nord du Parlement. Le rez-de-chaussée de cette partie du bâtiment comprenait un grand hall d'entrée, tandis que des buvettes et le bureau du sergent d'armes étaient au premier étage. Au deuxième étage se trouvait la bibliothèque de l'Assemblée législative. La ressemblance du décor moulé et rehaussé de gris de ce vase de mariés avec celui du bénitier d'applique également retrouvé sur ce site est notable.

La présence de cet objet issu d'une coutume d'origine française témoigne de la présence francophone au Parlement où plusieurs députés et fonctionnaires canadiens-français travaillaient. Cet objet rappelle également l'importance de la religion dans la vie quotidienne et l'intérêt marqué pour la célébration des rites de passage qui marquent le déroulement d'une vie.