Laboratoire d'archéologie du Québec
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Monnaie. AversImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collection Parcs Canada
Monnaie. ReversImage
Photo : Mathieu Landry 2023, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

Collection Parcs Canada

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

16G > Opération 8 > Sous-opération K > Lot 1 > Numéro de catalogue 1Q
BiFh-10 > Opération 8 > Sous-opération K > Lot 1 > Numéro de catalogue 1Q

Contexte(s) archéologique(s)

Fort

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La monnaie a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle représente le commerce dans les postes militaires frontaliers.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La monnaie est un double tournois frappé en France en 1642. L'objet en métal porte l'effigie du roi Louis XIII (1610-1643) sur l'avers, représenté en buste tourné vers la droite, ainsi que trois lys posés 2 et 1 au revers. Des inscriptions sont également visibles sur les deux faces, permettant d'identifier la monnaie. Elle provient d'un contexte militaire en Nouvelle-France.

La monnaie est une pièce de métal de forme circulaire, frappée sur l'avers et le revers d'une empreinte propre à l'autorité qui l'émet. Elle est utilisée comme moyen d'échange et de paiement. En Nouvelle-France, les soldats et les officiers en poste ont l'habitude de conserver de la monnaie sur eux. Ils l'utilisent afin de se procurer certains biens, comme de l'alcool ou du tabac, à la cantine du fort, ou encore auprès de marchands ambulants, ainsi que dans les villes et les villages. Les soldats s'adonnaient aussi beaucoup aux jeux de hasard et il est possible de croire que les paris étaient fréquents.

Le mot soldat provient du terme solde. Les soldats reçoivent alors de bien petites paies, puisque celles-ci sont amputées de plusieurs déductions retenues à la source, dont celles réservées au logement, à l'habillement et à la nourriture. La solde des soldats est de 9 livres par mois, soit 108 livres par année, mais une fois les déductions prises en compte, il ne reste plus qu'une quinzaine de livres par année. Les soldats étaient payés aux trois mois et ils pouvaient augmenter leurs revenus en offrant leurs services chez des particuliers, en vendant les produits de leur chasse ou de leur pêche, ou en ayant un peu de chance aux jeux.

La monnaie est mise au jour entre 1976 et 1978 sur le site du Fort-Chambly, situé sur la rive ouest de la rivière Richelieu au pied des rapides de Chambly, dans la municipalité du même nom. Au tout début de la colonie de Ville-Marie, les guerres franco-iroquoises (1643-1667 et 1684-1701) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et efficace en provenance des colonies anglaises et de la région d'Albany. À l'issue de la signature de paix conclue à Trois-Rivières en 1667, la limite méridionale de la frontière est réduite à Chambly et les postes plus au sud sont abandonnés. À la reprise des hostilités, d'importants travaux sont entrepris à Chambly et un nouveau fort y est construit. Après quelques réparations réalisées en 1693, le fort est incendié en 1702. Il est immédiatement rebâti en bois, mais devant les rumeurs persistantes d'une attaque anglaise, le fort est entièrement reconstruit en pierre. L'importance stratégique de ce poste ne se démentit pas tout au long du Régime français et le fort Chambly a chaque fois joué un rôle clé lors des divers conflits. En temps de paix, une garnison demeure tout de même au fort afin d'y assurer un contrôle du commerce illicite sur la rivière Richelieu.

La monnaie se trouvait dans une couche de sol associée au premier fort construit à Chambly (1665-1687). Cette monnaie a donc fort probablement été perdue par l'un des hommes du régiment de Carignan-Salières.

RÉFÉRENCES

CHARTRAND, René. Le patrimoine militaire canadien : d'hier à aujourd'hui. Tome 1 : 1000-1754. Montréal, Art Global, 1993. 239 p.
CIANI, Louis. Les monnaies royales françaises de Hugues Capet à Louis XVI : avec indication de leur valeur actuelle. Paris, 1926. 502 p.
FRANÇOIS, Miville-Deschênes. Quand ils ne faisaient pas la guerre ou l’aspect domestique de la vie militaire au fort Chambly pendant le régime français d’après les objets archéologiques. Ottawa, Lieux et parcs historiques nationaux, Environnement Canada-Parcs, 1987. 113 p.