Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

16G > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 32 > Numéro de catalogue 36Q
BiFh-10 > Opération 8 > Sous-opération A > Lot 32 > Numéro de catalogue 36Q

Contexte(s) archéologique(s)

Fort
Latrines

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de gamelle en fer a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il représente la consommation et la préparation des aliments pour les soldats dans les postes militaires frontaliers, surtout lors de campagnes.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de gamelle en fer, aussi appelée gamelle de tôle, est lié à un récipient fabriqué en France ou en Angleterre au cours du XVIIIe siècle. L'objet en fer est coulé dans un moule, et devait être étamé à l'origine, c'est-à-dire recouvert d'une mince couche d'étain.

Ce type de gamelle, de forme plutôt simple, est très polyvalent. Elle sert autant à la préparation qu'au service et à la consommation des aliments. Cette gamelle est plutôt profonde et devait avoir un manche, servant à faciliter son transport et son utilisation.

Dans les postes frontaliers ou dans les campements militaires, les soldats mangent généralement par petits groupes d'environ sept personnes appelés un «¿plat¿». Les repas sont préparés dans des marmites, et les soldats se servent parfois directement dans cette dernière avec une louche en n'utilisant qu'un morceau de pain comme assiette. Pour plus de confort, plusieurs soldats s'équipaient de plats individuels pour manger. Puisqu'ils sont responsables de l'achat de ceux-ci et qu'ils doivent les transporter dans leur bagage, les gamelles de fer, durables, légères et polyvalentes, sont les plus populaires chez les soldats.

Le fragment de gamelle est mis au jour entre 1976 et 1978 sur le site du Fort-Chambly, situé sur la rive ouest de la rivière Richelieu au pied des rapides de Chambly, dans la municipalité du même nom. Au tout début de la colonie de Ville-Marie, les guerres franco-iroquoises (1643-1667 et 1684-1701) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et efficace en provenance des colonies anglaises et de la région d'Albany. À l'issue de la signature de paix conclue à Trois-Rivières en 1667, la limite méridionale de la frontière est réduite à Chambly et les postes les plus au sud sont abandonnés. À la reprise des hostilités, d'importants travaux sont entrepris à Chambly et un nouveau fort y est construit. Après quelques réparations réalisées en 1693, le fort est incendié en 1702. Il est immédiatement rebâti en bois, mais devant les rumeurs persistantes d'une attaque anglaise, le fort est entièrement reconstruit en pierre. L'importance stratégique de ce poste ne se démentit pas tout au long du Régime français et le fort Chambly a chaque fois joué un rôle clé lors des divers conflits. En temps de paix, une garnison demeure tout de même au fort afin d'y assurer un contrôle du commerce illicite sur la rivière Richelieu.

L'objet a été découvert dans les latrines du fort. La fouille de ces latrines a livré plusieurs objets de fabrication française et britannique à l'intérieur de contextes mélangés, mêlant des objets du Régime britannique (1760-1867) à des objets plus anciens.

RÉFÉRENCES

CHARTRAND, René. Le patrimoine militaire canadien : d'hier à aujourd'hui. Tome 1 : 1000-1754. Montréal, Art Global, 1993. 239 p.
FRANÇOIS, Miville-Deschênes. Quand ils ne faisaient pas la guerre ou l’aspect domestique de la vie militaire au fort Chambly pendant le régime français d’après les objets archéologiques. Ottawa, Lieux et parcs historiques nationaux, Environnement Canada-Parcs, 1987. 113 p.