Laboratoire d'archéologie du Québec
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PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

EgFb-1 > Opération 99 > Sous-opération X > Lot 1

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'écharnoir ou pied-de-biche a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il témoigne de l'importance du recyclage des matériaux, et plus particulièrement de l'acier, en contexte associé au commerce des fourrures. Il a également été choisi parce qu'il est représentatif des artéfacts associés à la construction ainsi qu'à l'acquisition des ressources, et plus particulièrement à l'agriculture, sur les sites liés à la traite des fourrures où l'on gardait du bétail et des chevaux.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'écharnoir ou pied-de-biche est fabriqué au Québec au cours du deuxième quart du XIXe siècle à partir d'un canon de fusil recyclé provenant d'Angleterre. L'extrémité arrière restante du canon a été découpée, formant un rebord biseauté, tandis que la bouche a été écrasée et recourbée pour en faire un écharnoir ou encore un outil de type pied-de-biche. Certaines composantes du canon d'origine sont encore visibles, comme l'âme lisse, une mire en forme de grain d'orge située près de la bouche et, au-dessous, deux tenons perforés qui permettaient le passage des goupilles servant à le fixer au fût du fusil.

L'écharnoir est un outil à lame légèrement concave et généralement muni de deux poignées situées aux deux extrémités de la lame. Il est utilisé pour enlever la chaire des peaux. Quant au pied-de-biche, cet outil est composé d'un long manche de métal terminé par une tête plate et fendue. Il est utilisé notamment pour arracher des clous. La tête de ces derniers est coincée dans la fente, et le clou est arraché par un effet de levier en exerçant une pression sur le manche.

L'objet témoigne de l'importance du recyclage des matériaux, et plus particulièrement de l'acier, en contexte associé au commerce des fourrures. En effet, avant 1860, la manière la plus courante d'obtenir de l'acier est de prendre du fer forgé et de le soumettre à une forte chaleur en présence d'un matériau riche en carbone dans une boîte ou un contenant scellé. Le processus, appelé cémentation, permet au carbone de pénétrer la surface du fer forgé et d'en faire de l'acier, dont la qualité varie selon la durée du traitement. L'acier est donc un matériau long à produire et de ce fait, précieux et souvent recyclé.

L'écharnoir ou pied-de-biche est mis au jour au cours de l'été 2008 sur le site du poste de Temiskamay, situé sur les rives du lac Témiscamie, dans la municipalité d'Eeyou Istchee Baie-James. Il a été retrouvé le long du talus de la terrasse sur laquelle s'élevait le poste de traite. D'autres canons de fusil recyclés en écharnoirs ou d'autres types d'outils ont également été retrouvés sur d'autres sites associés à la traite des fourrures.

RÉFÉRENCES

GILMAN, Carolyn. Where two worlds meet : the Great Lakes fur trade. Museum Exhibit Series, 2. St. Paul, Minnesota Historical Society, 1982. 136 p.
ROY, Christian. Archaeological Evaluation of the HBC Trading Post of Temiskamay (EgFb-1), Lac Témiscamie, James Bay, Québec. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Cree Nation of Mistissini/Cree Regional Authority, 2009. 44 p.