Laboratoire d'archéologie du Québec
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Pendentif. Côté AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Pendentif. Côté BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
PendentifImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

LOCALISATION

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

DdGt-30 > Opération 5 > Sous-opération L > Lot 3 > Numéro de catalogue 70

Région administrative

Abitibi-Témiscamingue

MRC

Abitibi-Ouest

Municipalité

Gallichan

Fonction du site

commerciale : poste de traite

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le pendentif a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est représentatif de l'argenterie de traite et des parures qui étaient offertes aux Autochtones au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle et au tout début du siècle suivant.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le pendentif en forme de croix est fort probablement fabriqué au Canada au cours du troisième quart du XVIIIe siècle. À cette époque, la grande majorité de l'argenterie de traite est réalisée en Amérique du Nord, soit à Québec, Montréal, Halifax, Philadelphie ou New York, comme en témoignent les nombreux poinçons d'orfèvre identifiés sur les pièces mises au jour jusqu'à présent sur différents sites archéologiques. Découpé dans une feuille d'argent, l'objet consiste en une croix à simple croisillon, dite croix latine, dont les extrémités et la portion centrale du corps sont renflées ou lobées. L'une des faces affiche un poinçon d'orfèvre non identifié qui pourrait correspondre à une fleur ou à un coquillage.

Le pendentif en forme de croix est un objet de parure et possiblement de dévotion. Ce type d'ornement provenant des postes de traite est principalement utilisé par les Autochtones. Il pouvait être fixé à des pièces de vêtements, attaché à d'autres types d'accessoires, et les plus petites croix pouvaient aussi être portées sur les oreilles. Le pendentif aurait également pu servir d'objet de dévotion, bien qu'il semble que, dans le contexte associé à la traite des fourrures, la croix serait rapidement devenue un objet profane.

Dans l'histoire du commerce des fourrures, l'argenterie de traite, incluant broches, boucles, pendentifs, anneaux, bracelets et croix, est associée principalement aux décennies suivant la Conquête. C'est au cours de cette période que la compétition entre traiteurs s'intensifie, correspondant à celle des marchands indépendants (1763-1779) à la fondation de la Compagnie du Nord-Ouest (CNO) en 1779. Si le don d'objets en argent a toujours joué un rôle important dans les relations entre Européens et Autochtones, comme avec les médailles de paix, c'est surtout entre les années 1760 à 1820 que l'argenterie de traite connait sa plus grande popularité, occupant les orfèvres de Montréal et Québec, voire d'Angleterre dans le cas de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH). De manière générale, il semble que la présence de parures en argent parmi les produits offerts par les traiteurs soit intimement liée à la féroce compétition qui avait cours à l'époque pour obtenir les faveurs des Autochtones. Une fois la fusion réalisée entre la CBH et la CNO en 1821, l'argenterie de traite disparait rapidement des inventaires des commerçants de fourrures.

Selon certaines sources, cet objet pourrait avoir été fabriqué à partir de pièces de monnaie, qui auraient constitué la principale source d'approvisionnement en argent à l'époque coloniale. La piastre espagnole aurait d'ailleurs été favorisée par les orfèvres nord-américains. Ces derniers pouvaient marteler ces pièces pour en obtenir de minces feuilles d'argent et les découper à la forme désirée, ou ils pouvaient fondre ces pièces, les épurer, puis les refondre et y ajouter un peu de cuivre avant d'en obtenir de minces feuilles et de les retravailler.

Le pendentif est mis au jour au cours de l'été 2001 sur le site du poste de traite Pano, situé à l'embouchure de la rivière Duparquet en Abitibi. Il a été retrouvé dans un secteur fréquenté par les Autochtones de passage, situé à quelques mètres de la face nord de la palissade qui entourait le poste de traite.

RÉFÉRENCES

FREDRICKSON, N. Jaye et Sandra GIBB. La chaîne d'alliance : l'orfèvrerie de traite et de cérémonie chez les Indiens : une exposition itinérante du Musée national de l'homme. Ottawa, Musées nationaux du Canada, 1980. 163 p.
ROY, Christian. Intervention archéologique sur le site de l'ancien poste de traite de « Pano » (DdGt-30), Gallichan. Abitibi. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Archéo-08, 2002. 101 p.