Laboratoire d'archéologie du Québec
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Rivet. Vue du dessusImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Rivet. Vue de dessousImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Rivet. Vue de profilImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-9 > Opération 14 > Sous-opération A > Lot 26 > Numéro de catalogue 1182

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Ce rivet a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est associé à la période de contact entre les Européens et les Autochtones ainsi qu'à l'occupation de la première habitation à l'époque de Samuel de Champlain (1600-1624). Il a également été choisi parce qu'il présente un bon état de conservation.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le rivet serait fabriqué en France, possiblement en Normandie. Bien que la présence d'une forge dans la colonie de Québec soit attestée par un dessin de la première habitation de 1608, il est peu probable que le rivet soit fabriqué à Québec, puisque le contexte archéologique entourant sa découverte précèderait la construction de l'habitation. Complet, l'objet en laiton est fait d'une courte tige cylindrique terminée à chaque extrémité par une tête, chacune étant de format différent. La première est plus grosse et presque circulaire, et une partie de son contour est rongé par la corrosion. La deuxième est plus petite et de forme ovale.



Le rivet sert à sceller des pièces en fer, comme des cerceaux de baril, et à réparer des objets en métal. La tige du rivet est insérée dans une perforation faite dans l'objet à sceller ou à réparer, puis rivetée sur la paroi de l'objet au moyen d'un marteau. Dans le contexte de l'Habitation de Québec, ce rivet servirait à réparer les chaudrons en cuivre échangés aux Autochtones, et notamment à fixer les deux bandes à oeil qui en supportent l'anse en fer. Chaque bande est munie de deux rivets. À l'époque de la Nouvelle-France, ce type de contenant en cuivre est plutôt appelé chaudière. L'appellation chaudron est de nos jours plus souvent employée. La présence de ce rivet sur le site indique que ces récipients de traite pouvaient être réparés sur place, sans doute par le forgeron. La présence d'un forgeron et d'une forge équipée est essentielle dans tout établissement colonial. Celui-ci fabrique les pièces de fer nécessaires à la construction et s'occupe de l'entretien du bâtiment. Ce rivet ne semble pas avoir été utilisé, et est abandonné sur place.



Le rivet est mis au jour en 1988 sur le site de la première habitation et serait associé à la période de contact entre les Européens et les Autochtones et à la période d'occupation de l'Habitation par Champlain (1600-1624). Ce premier établissement français permanent en Amérique du Nord est situé dans le secteur de Place-Royale, à Québec. La première habitation est construite en 1608 et abrite Champlain et ses troupes jusqu'en 1624, année où elle est détruite pour faire place à la seconde habitation, un bâtiment de pierre qui est ensuite incendié en 1632.



De grandes quantités de rivets ont été trouvées sur les sites de traite français, notamment le fort Michilimackinac, maintenant aux États-Unis, en usage au XVIIIe¿siècle. Aucun rivet ne semble avoir été trouvé sur le site des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis, à Québec, dans les contextes datés de l'époque de Champlain. Toutefois, la cour du fort a livré dans des contextes perturbés datant d'après la mort de Champlain des quantités importantes de clous ainsi que des dizaines de retailles de fer, et au moins un rivet en laiton. Ces découvertes témoignent du travail du métal et de la présence d'un forgeron dans la cour du fort.

RÉFÉRENCES

Cérane inc. L'occupation historique et préhistorique de la place Royale. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1989. s.p.
L'ANGLAIS, Paul-Gaston. « Tome 4, volume 1 : Regards sur la vie des gouverneurs (1620-1834) ». CLOUTIER, Pierre, dir., Michel BRASSARD, Manon GOYETTE, Jacques GUIMONT et Paul-Gaston L'ANGLAIS. Fouilles archéologiques aux Forts et Châteaux Saint-Louis (1620-1871). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2012, s.p.
MOUSSETTE, Marcel et Françoise NIELLON. L'Habitation de Champlain. Collection Patrimoines, série Dossiers, 58. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1985. 531 p.
STONE, Lyle M. Fort Michilimackinac, 1715-1781: An Archaeological Perspective on the Revolutionary Frontier. Anthropological Series, 2. s.l. Michigan State University Museum, East Lansing, 1974. 367 p.