La boucle d'oreille ou de nez a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'un type d'objet qui se retrouve dans les collections archéologiques de plusieurs sites reliés aux Premières Nations. De plus, ce bijou en argent a été choisi parce qu'il a probablement été porté par les W8banakiak (Abénaquis) sur le site du fort Abénakis, à Odanak.

La boucle d'oreille ou de nez en argent comprend une pièce centrale horizontale en forme de losange creux. Cette pièce maintient l'anneau, qui n'est pas tout à fait circulaire, et est fabriquée à partir de deux cônes martelés, fondus ou moulés, qui sont soudés ensemble au niveau de leur base. Un petit trou est pratiqué à chaque extrémité pour y insérer le fil servant d'anneau. Un petit oeillet est soudé sous la pièce centrale. Une breloque verticale en forme de cône avec un oeillet sur son sommet est suspendue à l'oeillet de la pièce centrale.

La boucle d'oreille ou de nez est un objet de parure qui pourrait être fabriqué par des orfèvres en Europe, possiblement en France, puis importé en Amérique du Nord afin d'être échangé avec les Autochtones lors de la traite de marchandises. La chaine opératoire de cet ornement démontre en effet des connaissances techniques avancées nécessitant un outillage spécialisé. Cependant, selon certaines sources, ce type d'objet pourrait aussi être fabriqué en Amérique du Nord à partir de pièces de monnaie en argent, qui constitueraient la principale source d'approvisionnement en argenterie de traite à l'époque coloniale. De là, les orfèvres autochtones pouvaient marteler ces pièces pour en obtenir de minces feuilles d'argent et les découper à la forme désirée ou ils pouvaient fondre ces pièces, les épurer, puis les refondre en y ajoutant un peu de cuivre avant d'en obtenir de minces feuilles et les retravailler. De plus, il semblerait que des orfèvres sénécas de la Confédération iroquoise (Haudenosaunee) fabriquaient ce type de parure dès la fin du XVIIIe siècle.

L'ornement d'oreille ou de nez est mis au jour en 2013 sur le site du fort Abénakis, à Odanak. Il est retrouvé en association avec plusieurs perles de traite et de wampums, deux pierres à fusil transformées en perçoirs, un dé à coudre, des cônes clinquants et des retailles en alliage cuivreux, un man8gemasak (concrétion calcaire), ainsi que plusieurs autres objets.

Afin de situer l'occupation du site du fort Abénakis, certaines datations ont été réalisées au moyen d'analyses au carbone 14. Elles ont été effectuées sur des fragments de charbon et des grains de maïs carbonisés retrouvés dans certaines fosses du site. Les analyses ont révélé différentes datations, dont la plus ancienne se situe entre 1522 et 1620 (1571 ± 49). Ces résultats suggèrent que le fort Abénakis a été occupé en continu par les W8banakiak (Abénaquis), possiblement à compter des années 1522 ou un peu plus tard. L'occupation s'est ensuite poursuivie jusqu'à l'arrivée des Français dans la région, qui y établissent une mission en 1704. Bien que cette dernière ait été incendiée en 1759, l'occupation du site par les W8banakiak (Abénaquis) s'est tout de même poursuivie et elle perdure encore aujourd'hui.