Laboratoire d'archéologie du Québec
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Bouteille. Côté AImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille. Côté BImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille. Côté CImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille. Côté DImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille. Détail du décorImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille. Détail du décorImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Bouteille. Détail de la pâteImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-9 > Opération 2 > Sous-opération BB' > Lot 8 > Numéro de catalogue 20

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La bouteille a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est liée à l'occupation de la seconde habitation de Québec (1624-1632) à l'époque de Samuel de Champlain. Elle a également été choisie parce qu'elle témoignerait de l'incendie de l'habitation en 1632.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La bouteille est fabriquée dans la région du Rhin (Rhénanie), en Allemagne, probablement à Frechen. Incomplète, elle est en grès de couleur grise. De forme globulaire, elle présente une paroi renflée, une épaule arrondie et un col cylindrique légèrement incliné. La base, au contour inégal, est étranglée et s'évase vers le bas. La bouteille est pourvue d'un fond plat et de l'amorce d'une anse verticale liée à l'épaule. Un motif anthropomorphique orne le goulot et des armoiries ornent la paroi. Ces dernières renvoient à la ville de Hoorn, une ville et commune des Pays-Bas située dans le nord-est de la province de Hollande-Septentrionale. L'inscription « IAN ALLERS » surmontant les armoiries, moulée dans la bouteille, est le nom d'un capitaine et commerçant dont les bureaux étaient établis à Hoorn. Il serait décédé vers 1618, mais son fils, portant le même nom, a poursuivi son commerce. Il exporterait également des poteries en grès, notamment vers l'Angleterre.

En Allemagne, ce type de bouteille sert à l'entreposage et à l'exportation de divers produits liquides, notamment le vin blanc du Rhin, produit dans la même région que ces bouteilles en grès. Ce matériau est très durable et d'une grande dureté et les récipients fabriqués avec celui-ci peuvent être déplacés sur de grandes distances sans trop de danger et être réutilisés sur une longue période. Il est aussi vraisemblable que la bouteille ait servi pour les boissons de type Ale et Beer et pour le cidre. La petite ouverture de la bouteille, fermée par un bouchon en bois, en fait un contenant parfait pour l'entreposage d'un produit liquide. La fabrication de ce type de bouteille, appelé Mascarons en Allemagne et Baardman, Bartmann et Bellarmine en Angleterre, débute en Allemagne au cours du XVIe siècle. Dès sa mise en marché, le modèle est critiqué en raison de son anse trop petite et de son goulot trop étroit. Ce modèle mesure entre 16 cm et 30 cm de hauteur au XVIIe siècle, puis la forme est allongée en XVIIIe siècle et les décors de la panse disparaissent. Ce type de bouteille est copié à Fulham, en Angleterre, à partir de la fin du XVIIe siècle.

La bouteille est transportée à Québec, puis est cassée et abandonnée sur place. Les fragments de grès sont ensuite exposés à une source de chaleur intense, leur donnant une couleur grisâtre même sur la tranche, ce qui pourrait correspondre à l'incendie de l'Habitation de Québec en 1632 par les frères Kirke. Il est également possible que la bouteille ait été apportée sur le site par ces derniers, compte tenu des liens commerciaux et religieux qui existent, à l'époque, entre l'Allemagne et l'Angleterre, ainsi que les îles Jersey, lieu d'origine des frères Kirke.

La bouteille est mise au jour entre 1975 et 1976 sur le site de la seconde habitation et est associée à la période d'occupation de l'Habitation par Champlain entre 1624 et 1632. Ce premier établissement français permanent en Amérique du Nord est situé dans le secteur de Place-Royale, à Québec. La première habitation est construite en 1608 et abrite Champlain et ses troupes jusqu'en 1624, année où elle est détruite pour faire place à la seconde habitation, un bâtiment de pierre qui est ensuite incendié en 1632. Des bouteilles similaires ont été retrouvées sur le site de l'Habitation de Québec dans des contextes datant de l'époque de Champlain.

Au moins un contenant en grès similaire a été trouvé sur le site des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis, à Québec, dans un contexte daté de l'époque de Champlain. Il a pu être apporté sur place par les frères Kirke, qui s'y sont installés dès leur arrivée en 1629. Une cruche en grès marquée du nom Ian Allers a été trouvée dans l'épave du Batavia, un navire de la Compagnie de commerce des Indes orientales établie aux Pays-Bas, qui a coulé en 1629 au large de l'Australie. Il existe également au Töpfereimuseum (Musée de la Poterie de Raeren, en Allemagne, une bouteille de ce type portant la marque de Ian Allers et datée de 1585.

RÉFÉRENCES

ASKEY, Derek. Stoneware bottles from Bellarmines to ginger beers, 1500-1949. Barnsley, BBR Publishing, 1998. 256 p.
ATTARD, Robert et Romina AZZOPARDI. Early German Stoneware. Atglen, Schiffer Publishing, 2014. 176 p.
L'ANGLAIS, Paul-Gaston. « Tome 4, volume 1 : Regards sur la vie des gouverneurs (1620-1834) ». CLOUTIER, Pierre, dir., Michel BRASSARD, Manon GOYETTE, Jacques GUIMONT et Paul-Gaston L'ANGLAIS. Fouilles archéologiques aux Forts et Châteaux Saint-Louis (1620-1871). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2012, s.p.
MOUSSETTE, Marcel et Françoise NIELLON. L'Habitation de Champlain. Collection Patrimoines, série Dossiers, 58. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1985. 531 p.
PICARD, François-Dominique. Le magasin du Roy ou seconde habitation de Champlain, rapport de fouilles archéologiques, Place-Royale, Québec. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1976. 94 p.