Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragment de terrine. Face interneImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de terrine. Face externeImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de terrine. Détail de la pâteImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-9 > Opération 1 > Sous-opération K > Lot 8 > Numéro de catalogue 1171

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de terrine a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est liée à l'occupation de la seconde habitation à l'époque de Champlain, entre 1624 et 1632.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de terrine est associé à un récipient qui est fabriqué en France, probablement dans la région de Honfleur, en Normandie. En effet, à cette époque, les navires à destination de Québec partent depuis le port de Honfleur. Il est donc envisageable que la terrine soit achetée dans les environs du port. Après 1660, le port d'approvisionnement devient celui de La Rochelle, et ce genre de terre cuite n'est plus disponible dans la colonie. Le fragment est en terre cuite grossière de couleur gris pâle avec des inclusions. La surface externe est de couleur beige, alors que la surface interne est recouverte d'une épaisse glaçure au plomb de couleur verte. Le fragment correspond à une portion de la paroi épaisse ainsi que du rebord.

La terrine est un récipient muni d'un bec verseur remplissant plusieurs fonctions liées à la préparation et à la consommation des aliments. Elle sert notamment à l'écrémage du lait. Le lait frais y est laissé à reposer afin que la crème se sépare et monte à la surface, permettant de la recueillir. Le bec verseur facilite le versement du lait. Ce type de terre cuite est caractérisé par sa pâte remplie d'inclusions de gravier, par la couleur et l'aspect de sa glaçure verte ainsi que par ses pointes horizontales qui garnissent son rebord. Ces pointes prennent la forme de deux extensions en forme de pointe situées de part et d'autre du bec verseur. Il pourrait s'agir d'anses horizontales. Bien que ce fragment ne comporte pas de bec verseur, sa fonction est déterminée en le comparant à d'autres fragments similaires retrouvés sur le site du fort Ville-Marie, à Montréal. La terrine a été cassée et abandonnée sur place.

Le fragment de terrine est mis au jour entre 1975 et 1976 sur le site de la seconde habitation de Québec, et est associé à la période d'occupation de l'Habitation par Champlain entre 1624 et 1632. Ce premier établissement français permanent en Amérique du Nord est situé dans le secteur de Place-Royale, à Québec. La première habitation est construite en 1608 et abrite Champlain et ses troupes jusqu'en 1624, année où elle est détruite pour faire place à la seconde habitation, un bâtiment de pierre qui est ensuite incendié par les frères Kirke en 1632. Quelques autres terrines similaires ont été retrouvées sur le site, mais ce fragment est le plus complet.

Les terrines sont fréquentes sur les sites de la période de Champlain. Elles rendent compte de la présence de vaches laitières et de l'exploitation de cette ressource à cette époque. Il y avait des vaches à la ferme de cap Tourmente, établie en 1626 par Champlain et détruite en 1628. Il se peut que ces vaches aient été gardées dans le secteur de l'Habitation avant 1626. Il demeure possible que cet objet ait servi à d'autres usages que l'écrémage du lait.

RÉFÉRENCES

L'ANGLAIS, Paul-Gaston. « Tome 4, volume 1 : Regards sur la vie des gouverneurs (1620-1834) ». CLOUTIER, Pierre, dir., Michel BRASSARD, Manon GOYETTE, Jacques GUIMONT et Paul-Gaston L'ANGLAIS. Fouilles archéologiques aux Forts et Châteaux Saint-Louis (1620-1871). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2012, s.p.
MOUSSETTE, Marcel et Françoise NIELLON. L'Habitation de Champlain. Collection Patrimoines, série Dossiers, 58. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1985. 531 p.
PICARD, François-Dominique. Le magasin du Roy ou seconde habitation de Champlain, rapport de fouilles archéologiques, Place-Royale, Québec. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1976. 94 p.