Laboratoire d'archéologie du Québec
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Garde de rapière. Côté AImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Garde de rapière. Côté BImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Garde de rapière. Détail de l'ouvertureImage
Photo : Émilie Deschênes 0, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CeEt-9 > Opération 1 > Sous-opération F > Lot 10 > Numéro de catalogue 42

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La garde de rapière a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car elle est liée à l'occupation de la première habitation à l'époque de Samuel de Champlain, entre 1608 et 1624. Elle a également été choisie parce qu'il s'agit d'un artéfact unique dans les collections archéologiques du Québec, et parce qu'elle aurait pu appartenir à Champlain lui-même.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La garde de rapière est fabriquée en Europe, probablement en France, alors que la lame de l'arme proviendrait de Tolède en Italie ou de Solingen, en Allemagne. Les deux fragments de la garde consistent en une plaquette ovale entourée de branches et de ramifications, ainsi que d'une tige courbée et fermée à ses extrémités par d'autres tiges s'entrecroisant. Elle est percée d'une ouverture rectangulaire pour y faire passer la soie de la lame.

La rapière est une longue épée à la lame affinée et à la garde ouvragée. Principalement utilisée pour les coups d'estoc, sa lame en deux parties permet aussi les coups de taille. La rapière peut aussi être dorée ou argentée au niveau de la poignée ou de la garde. Ce type d'arme apparait à la fin du XVe siècle d'abord en Espagne, puis en Italie où elle est modifiée pour ensuite se répandre sur le continent européen. Son usage se propage durant le XVIe siècle avant de perdre en popularité pour disparaitre presque totalement vers la fin du XVIIe, la rapière étant remplacée par des épées plus courtes. En effet, sa lame est fragile et cassante, donc peu adaptée aux combats et aux champs de bataille. Avec le temps, la rapière devient un article de parure.

Dans son état actuel, la garde de rapière ne porte aucune marque d'embellissement, ce qui en fait davantage une arme de combat que de parure. Ouverte et composée de branches, la garde est du modèle dit « en squelette », mis au point en Italie à la fin du XVIe siècle afin de protéger la main de son utilisateur. Au cours de son utilisation, il se peut que la lame de la rapière ait été retirée de la garde, si elle était en bon état, afin d'être ajustée sur une nouvelle garde.

La garde de rapière est mise au jour entre 1975 et 1976 sur le site de la première habitation de Québec, et est associée à la période d'occupation de l'Habitation par Champlain entre 1608 et 1624. Ce premier établissement français permanent en Amérique du Nord est situé dans le secteur de Place-Royale, à Québec. La première habitation est construite en 1608 et abrite Champlain et ses troupes jusqu'en 1624, année où elle est détruite pour faire place à la seconde habitation, un bâtiment de pierre qui est ensuite incendié par les frères Kirke en 1632.

Sur une gravure représentant la bataille du lac Champlain survenue en 1609 contre des Iroquois, Champlain est représenté portant une arme blanche longue liée à un ceinturon attaché à sa taille. Il semble s'agir d'une rapière munie d'une garde similaire à celle retrouvée sur le site de l'Habitation. Toutefois, les deux Français qui l'accompagnent semblent aussi équipés d'une telle arme. Il est donc impossible d'affirmer avec certitude que la garde de rapière de la collection ait été utilisée par Champlain uniquement.

RÉFÉRENCES

L'ANGLAIS, Paul-Gaston. « Tome 4, volume 1 : Regards sur la vie des gouverneurs (1620-1834) ». CLOUTIER, Pierre, dir., Michel BRASSARD, Manon GOYETTE, Jacques GUIMONT et Paul-Gaston L'ANGLAIS. Fouilles archéologiques aux Forts et Châteaux Saint-Louis (1620-1871). Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2012, s.p.
MOUSSETTE, Marcel et Françoise NIELLON. L'Habitation de Champlain. Collection Patrimoines, série Dossiers, 58. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1985. 531 p.
PICARD, François-Dominique. Le magasin du Roy ou seconde habitation de Champlain, rapport de fouilles archéologiques, Place-Royale, Québec. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Ministère des Affaires culturelles du Québec, 1976. 94 p.