Le biface a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit du seul biface de ce type retrouvé sur le site Cliche-Rancourt qui soit entier. Il a également été choisi parce que ce biface illustre très bien le type d'activité mené sur l'aire d'occupation numéro 1 du site, à savoir la production de bifaces pouvant être par la suite transformés en pointes.

Le biface est un outil en pierre taillée dont la morphologie ne permet pas de le rattacher à une période chronoculturelle particulière. Cette problématique est caractéristique des bifaces, qui sont fabriqués tout au long de la préhistoire sans nécessairement présenter de traits distinctifs d'une époque ou d'une tradition archéologique. En outre, la forme de ce biface est considérée comme classique, présentant une forme lancéolée et une base arrondie. Cependant, en considérant le contexte de sa découverte, il est possible d'associer le biface au Paléoindien récent (10 000 à 8 000 ans avant aujourd'hui). Des bifaces semblables ont été retrouvés sur des sites datés entre 11 600 et 10 800 ans avant aujourd'hui dans le Nord-Est américain. Un âge plus récent, entre 11 000 et 10 000 ans avant aujourd'hui, serait envisageable dans un cadre chronologique québécois. Le biface est taillé dans la rhyolite à l'origine verdâtre, une pierre provenant de la région du mont Kineo, près du lac Moosehead dans le Maine. Le matériau est caractérisé par la présence d'intrusions typiques des rhyolites. Étant donné la grande quantité d'éclats de débitage de ce matériau retrouvés sur le site de la découverte de l'objet, l'outil aurait vraisemblablement été taillé sur place.

Le biface est un outil multifonctionnel en pierre, qui est taillé sur ses deux faces afin de former un tranchant. Il peut servir de couteau pour racler, couper, trancher, scier, etc. Les bifaces pouvaient subséquemment être transformés en d'autres types d'outils, servant de support pour fabriquer des pointes de projectiles ou des grattoirs. Bien que ce biface ne présente pas de traces d'utilisation et qu'il soit entier, il est abandonné sur le site. Il est possible qu'il ait été destiné à l'origine à servir de matrice pour la fabrication de pointes de projectiles. L'altération naturelle de la pierre lui donne une couleur blanchâtre.

Le biface est mis au jour en 2004 sur le site Cliche-Rancourt, situé sur une rive du lac aux Araignées dans le secteur de Mégantic en Estrie. Il provient de l'aire d'occupation principale du site, comprenant les restes d'un campement recelant des traces d'activités domestiques et artisanales, comme la taille de la pierre. Seul biface entier retrouvé sur ce site, il témoigne de la présence d'un groupe associé à la culture paléoindienne ancienne sur le territoire du Québec il y a de cela plus de 11 000 ans.

La très grande majorité des artéfacts mis au jour avec ce biface ont été fabriqués à partir de pierres provenant des États de la Nouvelle-Angleterre. Il est donc fort probable que le groupe de la région de Mégantic faisait partie d'une bande plus étendue qui avait pour centre d'opération le Maine et le New Hampshire.

L'objet fait partie de l'exposition itinérante « Clovis, peuple chasseur de caribous » présentée par le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke entre 2015 et 2020.