Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragment de pointe lancéolée à bords divergents. Face AImage
Photo : Olivier Lalonde 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de pointe lancéolée à bords divergents. Face BImage
Photo : Olivier Lalonde 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de pointe lancéolée à bords divergents. ProfilImage
Photo : Olivier Lalonde 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiEr-14 > Numéro de catalogue 25L

Contexte(s) archéologique(s)

Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de pointe lancéolée à bords divergents a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il appartient à l'un des rares exemplaires de pointes datant du Paléoindien récent (10 000 à 8 000 ans avant aujourd'hui) de type «Agate Basin» retrouvés sur le territoire québécois. Il a également été choisi parce qu'il s'agit d'une pointe typique de cette époque et de la tradition Plano.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de pointe lancéolée à bords divergents est représentatif du Paléoindien récent, qui se situe de 10 000 à 8 000 ans avant aujourd'hui. Ce fragment est associé au type « Agate Basin », qui est spécifiquement représentatif de la phase ancienne du Paléoindien récent au sud du Québec. Selon le cadre chronologique proposé par des archéologues américains, cette phase s'échelonnerait entre 11 600 et 10 800 ans avant aujourd'hui. Cependant, puisqu'il n'existe aucune date radiocarbone pour appuyer ce cadre chronologique au Québec, l'âge présumé de ce type de pointe serait donc plus récent. Il est toutefois probable que ce type de pointe se retrouve sur le territoire québécois dès11 000 à 10 000 ans avant aujourd'hui. La pointe est taillée en rhyolite à l'origine verdâtre, une pierre provenant de la région du mont Kineo, près du lac Moosehead dans le Maine. Le matériau est caractérisé par la présence d'intrusions typiques des rhyolites. Étant donné la grande quantité d'éclats de débitage de ce matériau retrouvés sur le site de la découverte de l'objet, l'outil aurait vraisemblablement été taillé sur place.

La pointe lancéolée à bords divergents de type « Agate Basin » est une pointe de projectile servant à armer une lance, projetée à la main ou à l'aide d'un propulseur, qui est utilisée principalement pour la chasse. Les particularités techniques de cette arme de chasse sont la forme lancéolée, des épaules bien marquées ainsi qu'une base avec ou sans pédoncule. L'aménagement de la base sert à faciliter l'emmanchement de la pointe. Celle-ci a probablement été finie, utilisée, brisée, puis abandonnée sur le site. Le fragment présente une base étroite et convexe ainsi que l'amorce d'une lame aux bords divergents, suggérant une forme lancéolée de la lame. L'altération naturelle de la pierre lui donne une couleur blanchâtre.

Le fragment de pointe lancéolée à bords divergents est mis au jour en 2003 sur le site archéologique Cliche-Rancourt (BiEr-14), situé sur une rive du lac aux Araignées dans le secteur de Mégantic en Estrie. Il provient de l'aire d'occupation principale du site, comprenant les restes d'un campement recelant des traces d'activités domestiques et artisanales, comme la taille de la pierre, principalement de la rhyolite du mont Kineo. Cette découverte soulève la question de la présence d'un groupe associé à la tradition Plano dans la région du lac Mégantic au Paléoindien récent.

La très grande majorité des artéfacts mis au jour avec ce fragment de pointe ont été fabriqués à partir de pierres provenant des États de la Nouvelle-Angleterre. Il est donc fort probable que le groupe de la région de Mégantic faisait partie d'une bande plus étendue qui avait pour centre d'opération le Maine et le New Hampshire.

L'identification de la pierre composant le fragment est confirmée par une analyse microscopique réalisée avec l'aide de la fluorescence X.

RÉFÉRENCES

BURKE, Adrian L., Claude CHAPDELAINE et Gilles GAUTHIER. « Refining the Paleoindian Lithic Source Network at Cliche-Rancourt Using XRF ». Archaeology of Eastern North America. Vol. 42 (2014), p. 101-128.
CHAPDELAINE, Claude. « Cliche-Rancourt, un site du Paléoindien ancien ». CHAPDELAINE, Claude, dir. Entre lacs et montagnes au Méganticois, 12 000 ans d’histoire amérindienne. Paléo-Québec, 32. Montréal, Recherches amérindiennes au Québec, 2007, p. 47-120.
CHAPDELAINE, Claude. Le Méganticois : la vingt-cinquième école de fouilles, juillet-août 2003. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université de Montréal, 2003. 133 p.