Laboratoire d'archéologie du Québec
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Perle. Vue du trou d'enfilageImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Côté AImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Côté BImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Perle. Côté CImage
Photo : Patricia Lachapelle 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

CaFe-7 > Opération 6 > Sous-opération H > Lot 55 > Numéro de catalogue 5

Contexte(s) archéologique(s)

Fosse
Maison longue

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

La perle a été sélectionnée pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'un exemple représentatif d'une perle dite « romaine » de type llj2, d'après la typologie élaborée par Kidd et Kidd en 1972. Elle a également été choisie en raison de son décor de lignes entrelacées réalisées selon la technique dite « à la lampe ». Le contexte de sa mise au jour présente aussi un intérêt, la perle ayant été retrouvée à l'intérieur d'une maison longue traditionnelle sur le site du fort Abénakis. Finalement, cette perle est représentative de la culture W8banaki (abénaquise). En effet, le perlage est un savoir-faire traditionnel encore pratiqué de nos jours.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

La perle de verre est un objet fabriqué en Europe entre le XVIe et le XIXe siècle. La perle de forme ronde est une perle dite « romaine » de type llj2, selon la typologie élaborée par Kidd et Kidd en 1972. Elle est constituée d'une couche de verre opaque noir orné de trois lignes entrelacées de verre opaque blanc et est fabriquée par étirement.

Cette technique de fabrication de perles nécessite la présence de deux personnes. Une première personne prend une bulle de verre en fusion à l'aide d'une canne munie d'un trou en son milieu. La bulle est soufflée et elle peut être trempée dans du verre fondu pour augmenter son volume ou pour lui ajouter d'autres couleurs. Une deuxième personne met une tige de fer à l'autre extrémité et les deux personnes tirent dans des directions opposées jusqu'à ce que le verre atteigne le diamètre souhaité. Il est possible de torsader le tube de verre pendant l'étirement pour créer un motif. Le tube est ensuite laissé à refroidir totalement avant d'être coupé en plusieurs morceaux pour obtenir des perles. Il est aussi possible d'utiliser des moules ou de façonner les perles sur un marbre quand elles ne sont pas encore refroidies. Pour obtenir les formes ovale et ronde, le trou des perles est rempli de sable et de charbon de bois moulu. Placées dans un récipient métallique, les perles sont chauffées en les secouant. Ensuite, elles sont nettoyées et polies dans un sac de son. Cette technique, bien qu'artisanale, permet de fabriquer plusieurs centaines de perles par jour.

Le décor de la perle est appliqué à la main par l'artisan à partir de cannes de verre blanc opaque après l'étape d'étirement et la mise en forme de la perle ronde. Pour ce faire, il utilise la technique dite « à la lampe », l'ancêtre du chalumeau. La perle est mise sur une tige en métal enduite d'argile pour éviter qu'elle n'y adhère. Elle est ensuite légèrement chauffée avec la « lampe » pour y appliquer les décors à partir de cannes de verre que l'artisan fait fondre au fur et à mesure.

Les perles de verre sont importées en Amérique du Nord par les Européens et servent surtout aux échanges avec les Autochtones contre des fourrures, du gibier ou autres denrées alimentaires. Les Autochtones les utilisent ensuite comme monnaie d'échange et comme parure pour la confection de bijoux, de vêtements (broderie) et de ceintures. En plus de ces usages, les Européens s'en servent pour la dévotion dans la conception de chapelets et la décoration des intérieurs (guirlandes, chandeliers).

La perle est mise au jour en 2013 sur le site du fort Abénakis, à Odanak. Elle a été retrouvée dans une fosse située à l'intérieur d'une maison longue traditionnelle en association avec des artéfacts datant d'entre 1690 et 1759, dont plusieurs perles de traite, des retailles en métal cuivreux, une pierre à fusil, un fourneau de pipe en catlinite, une concrétion calcaire (man8gemasak) et plusieurs autres objets.

Afin de situer l'occupation du site du fort Abénakis, certaines datations ont été réalisées au moyen d'analyses au carbone 14. Elles ont été effectuées sur des fragments de charbon et des grains de maïs carbonisés retrouvés dans certaines fosses du site. Les analyses ont révélé différentes datations, dont la plus ancienne se situe entre 1522 et 1620 (1571 ± 49). Ces résultats suggèrent que le fort Abénakis a été occupé en continu par les W8banakiak (Abénaquis), possiblement à compter des années 1522 ou un peu plus tard. L'occupation s'est ensuite poursuivie jusqu'à l'arrivée des Français dans la région, qui y établissent une mission en 1704. Bien que cette dernière ait été incendiée en 1759, l'occupation du site par les W8banakiak (Abénaquis) s'est tout de même poursuivie et elle perdure encore aujourd'hui.

RÉFÉRENCES

KIDD, Martha Ann et Kenneth E. KIDD. « Classification des perles de verre à l'intention des archéologues sur le terrain ». RICK, John H. Travaux d'archéologie du Service des lieux historiques nationaux, 1962-1966. Lieux historiques canadiens : cahiers d'archéologie et d'histoire, 1. Ottawa, Direction des parcs nationaux et des lieux historiques, Ministère des affaires indiennes et du Nord, 1972, p. 47-92.
PLOURDE, Michel et Geneviève TREYVAUD. Les Abénakis d’Odanak, un voyage archéologique. Odanak, Musée des Abénakis, 2017. 127 p.