Laboratoire d'archéologie du Québec
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Éclat de cannelure. Face AImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Éclat de cannelure. Face BImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Éclat de cannelure. ProfilImage
Photo : Julie Toupin 2020, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

BiEr-14 > Numéro de catalogue 1035L

Contexte(s) archéologique(s)

Campement

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

L'éclat de cannelure a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car cet éclat en chert rouge Munsungun, a été retrouvé dans l'aire numéro 3 du site qui semble consacrée à la taille de cette matière première. La seule pointe à cannelure trouvée dans cette aire est faite de rhyolite du New Hampshire. De plus, l'éclat de cannelure entier illustre comment les outils étaient taillés et achevés sur place.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

L'éclat de cannelure est représentatif de la période du Paléoindien ancien, qui se situe de 12 000 à 10 000 ans avant aujourd'hui. D'après le contexte de sa découverte, il est d'ailleurs possible que cet éclat soit lié à la phase médiane de cette période, soit au style « Michaud-Neponset » associé à la Nouvelle-Angleterre ou au style « Barnes » propre à la région des Grands Lacs se situant entre 12 400 et 11 900 ans avant aujourd'hui. L'éclat est taillé dans un chert rouge à la surface cireuse et lustrée, possiblement une pierre provenant du lac Munsungun dans le centre nord de l'État du Maine. Cette matière première est fréquemment retrouvée sur les sites du Paléoindien du Maine, du New Hampshire et du Vermont.

L'éclat de cannelure est un produit issu de la taille d'une pointe à cannelure, vraisemblablement de type « Michaud-Neponset ». Ces pointes sont caractérisées par la présence de longues cannelures sur les deux faces de l'outil dépassant largement la moitié de sa longueur, ainsi que par une base amincie au profil légèrement concave. Ces aménagements servent à faciliter l'emmanchement de la pointe sur une lance, qui est ensuite projetée à la façon d'un javelot ou encore à l'aide d'un propulseur lors de la chasse. Cependant, comme l'outil auquel appartient cet éclat n'a pas été retrouvé, il est impossible de déterminer si l'éclat représente au moins la moitié de sa longueur et cette association typologique demeure hypothétique. La pointe à cannelure a probablement été achevée, emmanchée et transportée ailleurs et l'éclat, abandonné sur le site.

L'éclat de cannelure est mis au jour en 2006 sur le site archéologique Cliche-Rancourt-Mamsalhabika (BiEr-14), situé sur une rive du lac aux Araignées dans le secteur de Mégantic en Estrie. Il provient de l'aire d'occupation numéro 3 du site, correspondant à un important atelier de taille de la pierre, servant surtout à la finition d'outils en chert rouge Munsungun. Cette découverte, à elle seule, est suffisante pour identifier une occupation humaine associée à la culture paléoindienne ancienne sur ce site il y a de cela plus de 11 000 ans.

La très grande majorité des artéfacts mis au jour avec cet éclat ont été fabriqués à partir de pierres provenant des États de la Nouvelle-Angleterre. Il est donc fort probable que le groupe de la région de Mégantic faisait partie d'une bande plus étendue qui avait pour centre d'opération le Maine et le New Hampshire. Au Québec, ce type de pointe est rare. Jusqu'à présent, les seuls spécimens trouvés ont été mis au jour dans la région de Mégantic.

L'objet fait partie de l'exposition itinérante « Clovis, peuple chasseur de caribous » présentée par le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke entre 2015 et 2020.

RÉFÉRENCES

CHAPDELAINE, Claude. « Cliche-Rancourt, un site du Paléoindien ancien ». CHAPDELAINE, Claude, dir. Entre lacs et montagnes au Méganticois, 12 000 ans d’histoire amérindienne. Paléo-Québec, 32. Montréal, Recherches amérindiennes au Québec, 2007, p. 47-120.
CHAPDELAINE, Claude. Du Paléoindien au Sylvicole Inférieur : Une sixième saison de fouilles au Méganticois, juillet et août 2006. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Université de Montréal, 2006. 125 p.
CHAPDELAINE, Claude. « Early Paleoindian Occupation at Cliche-Rancourt, Southeastern Quebec ». CHAPDELAINE, Claude, dir. Late Pleistocene Archaeology and Ecology in the Far Northeast. College Station, Texas A&M University Press, 2012, p. 135-163.