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Le grattoir a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est représentatif de l'utilisation de matières exotiques dans le secteur de Place-Royale, témoignant ainsi des relations d'échanges et des contacts entre Québec et les régions éloignées au cours de la préhistoire (12 000 à 450 ans avant aujourd'hui).

Le grattoir est fabriqué à une date indéterminée. En effet, sa datation est incertaine, puisque ce type d'outil est employé tout au long de la préhistoire (12 000 à 450 ans avant aujourd'hui) et même jusqu'au début de la période historique. Toutefois, ce grattoir est vraisemblablement utilisé entre l'Archaïque récent post-laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui) et le début de la période historique (450 ans avant aujourd'hui). L'objet entier présente une forme ovale avec des bords latéraux asymétriques et convexes. La base du grattoir est arrondie et la partie active (le front) est convexe. L'outil au profil plano-convexe est couvert de négatifs d'enlèvements sur la face dorsale seulement, et le front, abrupt et épais, est aménagé avec des retouches semi-abruptes. La face ventrale présente toujours le bulbe, le talon ainsi que les ondes de percussion. Le grattoir est taillé dans un éclat de chert Ramah, une pierre de couleur grise translucide avec des bandes enfumées noirâtres provenant du nord du Labrador. Toutefois, il existe aussi des variétés de quartzite de Mistassini présentant ces mêmes couleurs.

Le grattoir est un outil à fonctions multiples, servant vraisemblablement à gratter des matériaux, tels le cuir, le bois, l'os et la pierre. Par sa forme, l'angle du front et son tranchant, le grattoir permet entre autres de racler les éléments non désirés sur la peau animale (gras, membranes, résidus ou poil) afin de nettoyer la surface et d'assouplir le cuir. Il pouvait également être emmanché pour faciliter le travail. Par ailleurs, le matériau utilisé, une pierre exotique présentant des qualités de taille supérieures ainsi qu'une apparence très esthétique, suggère que l'objet pourrait également remplir une fonction symbolique. Trois de ses bords présentent une usure appréciable, pouvant expliquer son abandon.

Le grattoir est mis au jour en 1993 dans les niveaux préhistoriques du site de la maison Hazeur dans le secteur de Place-Royale, à Québec. Le contexte archéologique préhistorique de Place-Royale est représenté par un vaste emplacement de campement autochtone situé sur la pointe de Québec. Il a été occupé à de multiples reprises sur une longue période couvrant l'Archaïque récent laurentien (5 500 à 4 200 ans avant aujourd'hui) jusqu'au Sylvicole supérieur (1 000 à 450 ans avant aujourd'hui). De nombreuses structures y furent dégagées lors des fouilles archéologiques, comme des traces de piquets, des foyers ainsi que des sépultures, témoignant de la diversité des activités et des fonctions associées à ce site.

Un charbon de bois prélevé dans les couches préhistoriques du site de la maison Hazeur a été daté au carbone 14, situant l'une des occupations du site à 2 900 ± 70 ans avant aujourd'hui (calibré à 1045 av. J. C. ). Cette datation correspond au Sylvicole inférieur (3 000 à 2 400 ans avant aujourd'hui).