Laboratoire d'archéologie du Québec
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Fragment de monture d'épée. Côté AImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal
Fragment de monture d'épée. Côté BImage
Photo : Julie Toupin 2019, Creative Commons 4.0 (by-nc-nd) Pointe-à-Callière, Cité d'archéologie et d'histoire de Montréal

PROVENANCE ARCHÉOLOGIQUE+

Provenance archéologique

40G > Opération 100 > Sous-opération B > Lot 3 > Numéro de catalogue 1Q
BhFh-2 > Opération 100 > Sous-opération B > Lot 3 > Numéro de catalogue 1Q

Contexte(s) archéologique(s)

Bâtiment
Fort
Militaire
Naval et portuaire

ÉVALUATION D'INVENTAIRE+

Le fragment de monture d'épée a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il s'agit d'une arme blanche constituant l'équipement de base des soldats de l'armée française et des troupes de la marine.

SYNTHÈSES ET RÉFÉRENCES+

Synthèse historique

Le fragment de monture d'épée en laiton est fabriqué en France lors de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Elle comprend l'écusson, le quillon et le pas-d'âne. La branche de garde est cassée et un des pas-d'âne est déformé. Le reste de la monture, se composant de la coquille, de la poignée ou fusée et du pommeau, est manquant, tout comme la lame. La cassure de la branche ainsi que la déformation du pas-d'âne peuvent expliquer le rejet de cette partie de la monture d'épée.

Une telle épée mesurait généralement 34,5 ou 36 pouces (90 cm), avec une lame de 29 pouces (72,5 cm). Le soldat la portait dans un fourreau d'épée en cuir, accroché à un ceinturon en cuir entourant sa taille. Ces deux pas d'âne indiquent qu'il s'agissait d'une monture à la mousquetaire, en vogue en France à partir de la fin du XVIIe siècle.

Les épées sont des armes blanches utilisées pour la guerre dans les combats au corps à corps. Faisant partie de l'équipement de base du soldat de l'armée française durant l'époque coloniale, l'épée est pourvue d'une lame aplatie de profil en losange terminée par une pointe dite en langue de carpe. Elle sert à frapper de taille, avec son tranchant, de manière à infliger de longues entailles dans les membres supérieurs de l'ennemi.

Une épée pourvue d'une garniture similaire et d'une lame plate a été trouvée dans les latrines de la maison Estèbe, à Québec, dans un contexte postérieur à 1755. Le décor appliqué sur sa monture en fait toutefois une épée de parade, ce qui la distingue de celle de la collection.

Le fragment de monture d'épée est mis au jour en 2009 sur le site du Fort Saint-Jean, situé dans la municipalité de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il s'agit de l'un des plus anciens complexes militaires permanents en Amérique du Nord, ayant connu la plus longue occupation militaire continue après la ville de Québec.

Dès le début de la fondation de Ville-Marie en 1642, les guerres franco-iroquoises (1643-1667) font rage et plusieurs établissements français sont attaqués. Afin de sécuriser la région montréalaise, les autorités françaises envoient dans la colonie le régiment de Carignan-Salières en 1665. Dès lors, ces militaires entreprennent la construction de cinq postes le long de la rivière Richelieu, correspondant aux forts de Sorel, Saint-Jean, Saint-Louis (Chambly), Sainte-Thérèse et Sainte-Anne. La rivière constitue alors une voie d'accès naturelle et facilement navigable depuis les villages iroquoiens de la région d'Albany.

Le fragment de monture d'épée a été retrouvé à l'intérieur d'un bâtiment du chantier naval. Il se trouvait dans une couche de sol datant d'entre 1756 et 1760. Il est actuellement exposé au Musée du Fort Saint-Jean.

RÉFÉRENCES

CHARTRAND, René. Louis XIV's Army. Men-At-Arms Series, 203. Londres, Osprey, 1988. 48 p.
CLOUTIER, Pierre. L.H.N.C. du Fort-Saint-Jean. Rapport de l’intervention archéologique de 2009 de l’école de fouille de l’Université Laval. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2011. 122 p.
LAPOINTE, Camille. Trésors et secrets de Place-Royale : aperçu de la collection archéologique. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1998. 217 p.