Le biface triangulaire a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est représentatif des nombreux bifaces de type « Meadowood » mis au jour sur le site de la Pointe-du-Buisson. Il a également été choisi parce qu'il a été retrouvé lors de la première campagne de recherches effectuée sur ce site, constituant donc un témoin du début des recherches scientifiques menées depuis ce jour sur ce site archéologique exceptionnel du Québec.

Le biface triangulaire est associé au Sylvicole inférieur (3 000 à 2 400 ans avant aujourd'hui). L'objet, complet à l'exception de l'extrémité distale qui est manquante, est composé de deux fragments dont la surface est recouverte de négatifs d'enlèvements. Le biface est de forme triangulaire et présente des bords latéraux droits, à l'exception d'une légère convexité en distal sur l'un d'eux. La base est convexe et légèrement plus large que les bords, créant un petit renflement à leur jonction. Le biface de type « Meadowood » est en chert Onondaga, une pierre provenant de l'État de New York ou du sud de l'Ontario, de couleur gris bleuté ponctuée de volutes blanchâtres.

Les bifaces sont des objets multifonctionnels dont les deux faces sont travaillées afin de former un tranchant. Ce biface de type « Meadowood » est fabriqué selon une méthode de taille bifaciale, probablement par un atelier spécialisé qui conçoit ce genre d'outil en grandes quantités. Ils sont ensuite distribués sur un large territoire, correspondant à la sphère d'activité de la tradition Meadowood au Sylvicole inférieur. Au cours de son utilisation, l'objet est exposé à la chaleur d'un feu, causant l'altération de sa surface et sa fracturation en deux fragments. Des cupules thermiques, sortes de petites alvéoles, apparaissent à la surface du biface, et la couleur naturelle de la pierre est altérée.

Le biface triangulaire est mis au jour en 1965 lors de la première campagne de recherches effectuée sur le site de la Pointe-du-Buisson, situé dans la municipalité de Beauharnois, en Montérégie. Faisant encore l'objet de recherches aujourd'hui, ce site archéologique, qui est le plus fouillé au Québec, a contribué à former plusieurs générations de chercheurs. Cet objet constitue donc un jalon important dans l'histoire de la recherche archéologique au Québec. L'objet est conservé à Pointe-du-Buisson, au Musée québécois d'archéologie.