Ce fragment de pipe a été sélectionné pour la collection archéologique de référence du Québec, car il est associé à la période de contact entre les Européens et les Autochtones ainsi qu'à l'occupation de la première habitation à l'époque de Samuel de Champlain (1608-1624). Il a aussi été choisi, car il présente des traces d'utilisation, ce qui est très rare pour une pipe provenant d'un contexte daté de l'époque de Champlain.

Le fragment de pipe est façonné vers le début du XVIIe siècle en Europe, probablement aux Pays-Bas. Fait de terre cuite fine argileuse et blanche, le fragment comprend la partie inférieure du fourneau, un talon accentué plat de section circulaire ainsi qu'une portion du tuyau droit. Le talon de la pipe présente une marque résultant vraisemblablement d'un défaut de fabrication.

La pipe sert à la consommation de narcotiques tels que le tabac. Une pipe complète de ce modèle mesure environ 22 cm de longueur totale, incluant le tuyau. La pipe, importée dans la colonie de Québec, est associée à un contexte archéologique daté entre 1600 et 1624. Des signes de combustion à l'intérieur du fourneau et sur son rebord extérieur indiquent que la pipe est utilisée.

Le fragment de pipe est mis au jour en 1988 sur le site de la première habitation. Ce site constitue le premier établissement français permanent en Amérique du Nord et est situé dans le secteur de Place-Royale, à Québec. La première habitation est construite en 1608 et abrite Samuel de Champlain (entre 1567 et 1574-1635) et ses troupes jusqu'en 1624, année où elle est détruite pour faire place à la seconde habitation, un bâtiment de pierre qui est ensuite incendié par les frères Kirke en 1632.

La base du fourneau de cette pipe est similaire à celles d'un lot de 125 pipes retrouvées dans la tour nord-ouest de la seconde habitation ayant subi l'incendie de 1632. En se basant sur une comparaison stylistique, il semble que ces pipes aient été fabriquées aux Pays-Bas, dans la région de Gouda.

D'autres pipes identiques ont été retrouvées sur le site des Châteaux-et-Forts-Saint-Louis. Portant elles aussi des marques d'utilisation, il est possible que ces pipes aient servi aux Autochtones ayant visité le fort, puisqu'elles ont été retrouvées avec des pipes de tradition huronne et que la consommation de tabac était peu populaire auprès des Français à l'époque.